guerre froide
« Défense unie », affiche allemande anticommuniste 1950, 86 × 61 cm, Württembergische Landesbibliothek, Stuttgart.

 

La première mention du rideau de fer - Churchill
"Un rideau de fer est tombé sur le front soviétique. Nous ignorons tout de ce qui se passe derrière. Il ne fait guère de doute que la totalité des pays situés à l’est de la ligne passant par Lübeck, Trieste et Corfou, se trouvera bientôt entre les mains des Soviétiques […], lorsque les Moscovites opéreront cette formidable avance jusque dans le centre de l’Europe […] ils auront tout le loisir d’avancer jusqu’à la mer du Nord ou l’océan Atlantique […], il est absolument vital désormais de trouver un terrain d’entente avec Moscou, ou de voir où nous en sommes avec eux avant d’affaiblir mortellement notre armée ou de nous retirer dans nos zones d’occupation respectives"

Le Premier ministre au président Truman, 12 mai 1945, CHAR 20/218/109, Churchill Papers, Churchill College Archives, Cambridge, R.U.
 
A propos de la crise grecque
Le nouveau secrétaire d’État de Truman, le général George Marshall décrit la situation encore plus crûment lors d’une réunion à huis clos avec les chefs de parti du Congrès. D’après le compte rendu de cette rencontre, Marshall et son adjoint Dean Acheson leur auraient déclaré

"nous sommes dans une situation sans équivalent depuis des temps très anciens, […] où le monde se trouve sous la domination de deux grandes puissances. Nous n’avons pas connu une telle polarisation du pouvoir depuis l’époque d’Athènes et Sparte, ni depuis Rome et Carthage. Il ne s’agit donc pas de tirer du feu les marrons des Britanniques. Il s’agit de la sécurité des États-Unis, de savoir si les deux tiers de la planète […] seront ou non sous la coupe des communistes"

Résumé de la réunion entre le Président et la délégation du Congrès, p. 28, février 1947, carton 1, Dossier Joseph M. Jones, Truman Library.

Le discours de Fulton de Winston Churchill

Winston Churchill prononce ce discours au Westminster College de Fulton (Missouri, États-Unis), le 5 mars 1946, en présence de Harry Truman, président des États-Unis.

J'en arrive maintenant au second danger qui menace les maisons, les foyers et les gens humbles, à savoir la tyrannie. Nous ne pouvons fermer les yeux devant le fait que les libertés dont jouit chaque citoyen partout aux États-Unis et partout dans l'Empire britannique n'existent pas dans un nombre considérable de pays, dont certains sont très puissants. Dans ces États un contrôle est imposé à tout le monde par différentes sortes d'administrations policières toutes puissantes. Le pouvoir de l'État est exercé sans restriction, soit par des dictateurs, soit par des oligarchies compactes qui agissent par l'entremise d'un parti privilégié et d'une police politique. […] De Stettin(1) dans la Baltique jusqu'à Trieste(2) dans l'Adriatique, un rideau de fer est descendu à travers le continent. Derrière cette ligne se trouvent toutes les capitales des anciens États de l'Europe centrale et orientale. Varsovie, Berlin, Prague, Vienne, Budapest, Belgrade, Bucarest et Sofia, toutes ces villes célèbres et les populations qui les entourent se trouvent dans ce que je dois appeler la sphère soviétique, et toutes sont soumises, sous une forme ou sous une autre, non seulement à l'influence soviétique, mais aussi à un degré très élevé et, dans beaucoup de cas, à un degré croissant, au contrôle de Moscou. […] Des gouvernements policiers dominent dans presque tous les cas et, jusqu'à présent, à l'exception de la Tchécoslovaquie, il n'y a pas de vraie démocratie. […]

Winston Churchill, discours de Fulton, 5 mars 1946.

(1) ville portuaire polonaise à la frontière avec l'Allemagne
(2) ville italienne située aujourd'hui à la frontière avec la Slovénie