Paysan indien protestant contre la réfome agraire, New Delhi, 01/12/20• Crédits : Jewel Samad - AFP
Des manifestations d'agriculteurs indiens bloquent certains accès à la capitale ; ils dénoncent une réforme agraire qui les prive de protections face aux appétits des spéculateurs privés.
Plusieurs accès routiers à la capitale de l'Inde, principalement au nord-ouest, sont bloqués par des capements qui réunissent de milliers de fermiers. Rien que ce mardi, selon les infos d’India Today, ils ont submergé trois nouvelles routes que les policiers déployés en nombre avaient déjà barricadées pour éviter que les agriculteurs en colère et leurs tracteurs n’entrent dans New Delhi.
Car ces jacqueries indiennes durent depuis déjà six jours, note l’Hindustan Times, elles "durent depuis déjà six jours et ne donnent aucun signe d’apaisement" : ce qui les porte, c’est le rejet de trois lois de réforme agraire voulues par le gouvernement de Narendra Modi et qui modifient profondément l’organisation du secteur agricole (dont Al Jazeera nous rappelle qu’il fait vivre 60% de la population indienne).
Cette réforme, le gouvernement la présente comme un progrès pour les agriculteurs en ce qu’il supprime des intermédiaires et devrait leur permettre de mieux gagner leur vie. Mais il y a un corolaire, soulevé par l’opposition et les organisations de fermiers : ce qui est prévu par cette réforme, détaille encore l’Hindustan Times, c’est que les grands groupes de l’agro-business vont pouvoir traiter directement avec les agriculteurs, sans passer par les fameux intermédiaires, qui sont en fait les marchés agricoles contrôlés par l’Etat et tout ce qui permettait jusque-là de garantir des prix et des revenus décents aux petits producteurs. En les mettant à la merci des sociétés privées qui ont leur propre système de stockage de la matière première et spéculent ainsi sur les prix de revente des productions, il y a un risque bien réel de déstabiliser toute l’agriculture indienne, jusque-là on l’a compris très régulée par l’Etat.
par Camille Magnard, 02/12/2020
France Culture