Medias et guerre du Vietnam - HGGSP
Les médias et la guerre du Vietnam, entre information et propagande

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Doc 10. La jeune fille à la fleur, symbole de l'opposition à la guerre du Vietnam
Marc Riboud
une jeune américaine, Jan Rose Kasmir, fait face à la garde nationale américaine devant le Pentagone lors de la marche de 1967 contre la guerre du Vietnam


En 1967, lors d'une manifestation à Washington contre l'intervention américaine au Vietnam, une jeune manifestante s'approche de soldats équipés de fusils à baïonnette. Son arme à elle est une fleur – une arme inoffensive, qui va pourtant se voir charger d'une puissance planétaire grâce au cliché pris par Marc Riboud.

Les médias relaient cette photo puissante, et bien d'autres, ce qui contribue à donner de l'ampleur et de la résonance au mouvement de protestation contre la guerre du Vietnam, qui n'est pas encore prédominant en 1967.
 
Doc 9. L'incident du golfe du Tonkin, 1964
Le destroyer de l'U.S. Navy, USS Maddox en mer au début des années 1960. Il est l'un des deux destroyers impliqué dans l'incident du golfe du Tonkin.

En 1964, deux destroyers déclarent avoir été attaqués dans le golfe du Tonkin par des torpilles nord-vietnamiennes. Aussitôt, la télévision, la presse en font une affaire nationale. Crient à l’humiliation. Réclament des représailles. Le président Lyndon B. Johnson prend prétexte de ces attaques pour lancer des bombardements de représailles contre le Nord-Vietnam. Il réclame du Congrès une résolution qui va lui permettre, dans les faits, d’engager l’armée américaine. La guerre du Vietnam commençait ainsi, qui ne devait s’achever — par une défaite — qu’en 1975.
On apprendra plus tard, de la bouche même des équipages des deux destroyers, que l’attaque dans le golfe du Tonkin était une pure invention…

Ignacio Ramonet, 2003 dans Mensonges d'Etat
 
Doc 8. Le mouvement anti-guerre et la fusillade du Kent
Couverture de Newsweek, 18 mai 1970 représentant une étudiante de la Kent State university agenouillée près du cadavre d'un des quatre étudiants abattus par la garde civile.

A propos de la fusillade du Kent:
Richard Nixon est élu président des États-Unis en 1968 en promettant dans son programme électoral de mettre fin à la guerre du Viêt Nam. Les campagnes contre la guerre s'intensifient et influencent de plus en plus l'opinion publique.
Le vendredi 1er mai 1970, un mouvement de manifestation contre la guerre et la conscription, de près de 500 étudiants, a lieu au centre du campus de l'université d'État de Kent. Alors que la foule se disperse afin de rejoindre les lieux d'études, un autre rassemblement est programmé pour le 4 mai. L'ambiance est électrique, des étudiants énervés mettent le feu à une Constitution américaine ainsi qu'à leurs cartes d'incorporation dans l'armée américaine. La nuit venue, des violences éclatent. Les autorités, rattachant ces violences aux manifestations, demandent l'intervention des forces de police puis de la garde nationale (armée de réservistes)
Le lundi 4 mai, Juste avant midi, les militaires somment la foule de se disperser et usent de leurs gaz lacrymogènes pour disperser les réfractaires. Les manifestants répliquent par des jets de pierre, retournant les grenades lacrymogènes sur la garde en chantant « Pigs Off Campus » (« les porcs hors de l'université »)
Il s'ensuit un échange de pierres et de gaz lacrymogènes.
C'est à ce moment que le sergent Taylor ouvre le feu avec son pistolet de calibre 45 (11,43 mm) sur les manifestants. Quelques militaires à proximité du sous-officier usent à leur tour de leurs fusils M1 Garand en direction du groupe d'étudiants. 67 coups de feu retentissent émanant de 29 gardes nationaux différents. En quelques secondes, les tirs tuent quatre étudiants et en blessent neuf.

Pour la première fois dans le contexte des manifestations anti Vietnam, l'armée américaine tire sur des citoyens américains (des étudiants blancs aisés de surcroît)

les médias relaient largement cette information qui illustre l'opposition de plus en plus forte à la guerre


 
Doc 7. Catherine Leroy, photoreporter française au Vietnam
La photographe légendaire Catherine Leroy avait 21 ans quand elle prit un aller simple pour Saïgon , en 1966, pour photographier les soldats américains au Vietnam. Elle fut la première journaliste accréditée à participer à une opération parachutée en février 1967, avec la 173rd Airborne Brigade (opération Junction City)
En 1968, elle fut capturée par l'armée nord vietnamienne. Elle réussit à négocier elle-même sa libération et fut la première reporter à photographier les soldats de l'armée régulière nord vietnamienne derrière leurs propres lignes.
Ce reportage fit la Une du Life Magazine et Elisabeth Leroy fut la première femme à recevoir le "Robert Capa Gold Medal Award".

Catherine Leroy est le symbole de la liberté donnée aux journalistes pendant le conflit vietnamien. L'armée était si sûr de son bon droit et du soutien des médias qu'elle a facilité la vie des journalistes et multiplié les accréditations. Le contrôle de l'information n'est devenu strict qu'à partir du moment où l'opinion publique s'est retournée et que l'armée a cherché à minimiser les difficultés de la guerre?
 
Doc 6. La couverture du conflit par les médias états-uniens
A gauche: couverture du magazine Life, Novembre 1965 "La réalité crue de la guerre du Vietnam"
A droite, couverture du magazine Life, février 1966 " La guerre continue"


Au Vietnam les autorités américaines ont été prises à leur propre jeu. Elles ont dès le départ refusé d'imposer une censure - qui serait passée pour inacceptable puisque les États-Unis n'étaient pas officiellement en guerre - et qui aurait attiré l'attention des médias. Cependant, les journalistes devaient obtenir une accréditation, et un véritable ministère de l'information locale fut mise en place, chargé de fournir les informations officielles à la presse via des conférences de presse quotidiennes. Dès la gare du Vietnam, la majorité de l'information diffusée était issue de ces conférences et l'armée a facilité la vie des journalistes en mettant à leur disposition télex, ligne de téléphone et vols spéciaux.L’information diffusée devait respecter quelques règles fixées par l'armée, que les journalistes acceptèrent sans problème.
 
Doc 5. Le massacre de My Lai

The Cleveland Plain Dealer, journal de Cleveland, 20 novembre 1969.

Le Cleveland Plain Dealer publia des photos choquantes du massacre de My Lai. Ce fut le premier journal à le faire aux Etats Unis.
Ces clichés avaient été pris par Ron Haeberle, un photographe de l'U.S. army originaire de Cleveland et qui avait fini son service en 1969. Il montra les photos au reporter Joe Eszterhas qui l'interviewa longuement et relaya son témoignage de première main: les soldats américains ont délibérément fauché" des habitants du village de My Lai, dont des femmes et des enfants, le 16 mars 1968.

Sur le massacre de My Lai:
La presse a joué un rôle crucial dans la mise en lumière du massacre de My Lai pendant la guerre du Vietnam. L'incident s'est produit le 16 mars 1968, lorsque des soldats américains ont massacré des centaines de civils vietnamiens, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, dans le village de My Lai. Initialement, l'armée américaine a tenté de dissimuler l'incident en le présentant comme une opération militaire légitime contre des combattants ennemis. Cependant, la vérité a été révélée grâce au travail d'enquêteurs, de journalistes et de photographes indépendants. Ron Ridenhour, un soldat américain qui avait entendu parler du massacre de la part de ses camarades, a joué un rôle crucial en alertant les autorités militaires et civiles sur l'incident. Son témoignage a incité les journalistes à enquêter plus en profondeur. Des journalistes d'investigation, tels que Seymour Hersh du New York Times, ont mené des enquêtes approfondies et publié des reportages détaillés sur l'ampleur du massacre. Les photographies prises par Ronald Haeberle ont également été largement diffusées, montrant les horreurs commises à My Lai. La couverture médiatique intensive de l'affaire de My Lai a suscité un tollé public aux États-Unis et dans le monde entier, sapant le soutien populaire à la guerre du Vietnam et entraînant une réévaluation des politiques militaires américaines. En fin de compte, cette exposition médiatique a contribué à la tenue de procès et à la condamnation de certains responsables militaires impliqués dans le massacre.

 
Doc 1. Walter Cronkite, le symbole des médias au Vietnam
Walter Cronkite a accompagné la montée en puissance de la télévision comme le premier média d'information pour les Américains. Sa voix était autoritaire mais il donnait l'air d'être proche des gens. C'est grâce à lui que les JT sont passés de 15 à 30 minutes chaque soir. Walter Cronkite a joué un rôle important pendant la guerre du Vietnam. Après avoir plutôt adhéré aux explications de l'armée et de la Maison Blanche, de 1964 à 1967, il est allé sur place début 1968, après l'offensive du Têt. A son retour, il a prédit que "l'aventure sanglante" était vouée à "s'enliser" et conclu par un éditorial célèbre: "Dire que nous sommes plus près de la victoire aujourd'hui, c'est croire les optimistes qui se sont trompés dans le passé."
 
Doc 2. CBS News Special Report: Where We Stand in Vietnam Octobre 1967
Transcription:

Président Kennedy: "C"est leur guerre. C'est à eux de la gagner ou de la pedre. Nous pouvons les aider, nous pouvons leur donner des équipements et envoyer des conseillers, mais c'est à eux de gagner, les gens du Vietnam contre les communistes"
Septembre 1967: "L'escalade des événements a donné une curieuse résonance à ces mots prononcés il y a quatre ans par le président John Fitzgerald Kennedy. Ici ce sont des soldats américains se battant en première ligne au Vietnam. Ils donnent leur vie, et pas seulement leurs conseils, à un niveau que n'avait jamais anticipé Kennedy. Nous avons le destin du Vietnam entre nos mains, et ils ont le nore dans les leurs.
500 000 soldats américains, 14 000 américains morts, 15 milliards de dollars dépensés, et maintenant ce n'est plus simplement leur guerre mais c'est devenu la nôtre.
Et c'est aussi devenu la plus controversée en cent ans d'histoire des Etats Unis: "est-ce une guerre que l'on peut gagner ? Peut-on mesurer nos progrès ? Est-ce que nos sacrifices portent leurs fruits ?." Ce sont les questions que nous nous posons aujourd'hui.
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Doc 4. Les Pentagons Papers
Unes du Washington Post et du New York Times lorsqu'ils publient les Pentagon Papers en Juin 1971. (The Washington Post)

Les Pentagon Papers (« papiers du Pentagone ») est une expression populaire désignant le document United States-Vietnam Relations, 1945-1967: A Study Prepared by the Department of Defense (« Relations entre les États-Unis et le Viêt Nam, 1945-1967 : une étude préparée par le département de la Défense »).
Il s'agit de 47 volumes totalisant 7 000 pages secret-défense émanant du département de la Défense à propos de l'implication politique et militaire des États-Unis dans la guerre du Viêt Nam de 1955 à 1971. Le contenu éclaircit en particulier la planification et la prise de décisions propre au gouvernement fédéral des États-Unis.
Le New York Times obtient le document par l'intermédiaire d'un ancien analyste Daniel Ellsberg qui fait fuiter l'information.
Son contenu est diffusé sous forme d'articles en 1971 par le New York Times, puis par le Washington Post. Le gouvernement américain réagit en obtenant via une cour fédérale une injonction interdisant au Times, puis au Post de continuer la publication des révélations. À la suite de l'appel interjeté dans chaque cas par les journaux mis en cause, la Cour suprême des États-Unis prend une décision commune aux deux affaires, qui met fin aux poursuites de l'État et lève la censure fédérale. La publication des Pentagon Papers et deux ans plus tard le scandale du Watergate éclaboussent le gouvernement et la classe politique, renforçant les contestations à l'encontre de la guerre du Viêt Nam