Medias et guerre du Vietnam - HGGSP
Texte 1. L'incident du golfe du Tonkin, 1964
Le destroyer de l'U.S. Navy, USS Maddox en mer au début des années 1960. Il est l'un des deux destroyers impliqué dans l'incident du golfe du Tonkin.

Texte pour les candidats
En 1964, deux destroyers déclarent avoir été attaqués dans le golfe du Tonkin par des torpilles nord-vietnamiennes. Aussitôt, la télévision, la presse en font une affaire nationale. Crient à l’humiliation. Réclament des représailles. Le président Lyndon B. Johnson prend prétexte de ces attaques pour lancer des bombardements de représailles contre le Nord-Vietnam. Il réclame du Congrès une résolution qui va lui permettre, dans les faits, d’engager l’armée américaine. La guerre du Vietnam commençait ainsi, qui ne devait s’achever — par une défaite — qu’en 1975.
On apprendra plus tard, de la bouche même des équipages des deux destroyers, que l’attaque dans le golfe du Tonkin était une pure invention…

Ignacio Ramonet, 2003 dans Mensonges d'Etat
 
Texte 2: les Pentagone Papers
explications (hors candidats)
Les Pentagon Papers (« papiers du Pentagone ») est une expression populaire désignant le document United States-Vietnam Relations, 1945-1967: A Study Prepared by the Department of Defense (« Relations entre les États-Unis et le Viêt Nam, 1945-1967 : une étude préparée par le département de la Défense »).
Il s'agit de 47 volumes totalisant 7 000 pages secret-défense émanant du département de la Défense à propos de l'implication politique et militaire des États-Unis dans la guerre du Viêt Nam de 1955 à 1971. Le contenu éclaircit en particulier la planification et la prise de décisions propre au gouvernement fédéral des États-Unis.
Le New York Times obtient le document par l'intermédiaire d'un ancien analyste Daniel Ellsberg qui fait fuiter l'information.
Son contenu est diffusé sous forme d'articles en 1971 par le New York Times, puis par le Washington Post. Le gouvernement américain réagit en obtenant via une cour fédérale une injonction interdisant au Times, puis au Post de continuer la publication des révélations. À la suite de l'appel interjeté dans chaque cas par les journaux mis en cause, la Cour suprême des États-Unis prend une décision commune aux deux affaires, qui met fin aux poursuites de l'État et lève la censure fédérale. La publication des Pentagon Papers et deux ans plus tard le scandale du Watergate éclaboussent le gouvernement et la classe politique, renforçant les contestations à l'encontre de la guerre du Viêt Nam
Source: Wikipedia
 
Texte 3: Walter Cronkite, la voix du Vietnam sur les écrans états-uniens
 
Texte 4. Catherine Leroy, photoreporter française au Vietnam
La photographe légendaire Catherine Leroy avait 21 ans quand elle prit un aller simple pour Saïgon , en 1966, pour photographier les soldats américains au Vietnam. Elle fut la première journaliste accréditée à participer à une opération parachutée en février 1967, avec la 173rd Airborne Brigade (opération Junction City)
En 1968, elle fut capturée par l'armée nord vietnamienne. Elle réussit à négocier elle-même sa libération et fut la première reporter à photographier les soldats de l'armée régulière nord vietnamienne derrière leurs propres lignes.
Ce reportage fit la Une du Life Magazine et Elisabeth Leroy fut la première femme à recevoir le "Robert Capa Gold Medal Award".

Catherine Leroy est le symbole de la liberté donnée aux journalistes pendant le conflit vietnamien. L'armée était si sûr de son bon droit et du soutien des médias qu'elle a facilité la vie des journalistes et multiplié les accréditations. Le contrôle de l'information n'est devenu strict qu'à partir du moment où l'opinion publique s'est retournée et que l'armée a cherché à minimiser les difficultés de la guerre

Source: Wikipedia - 2024
 
Texte 5: Relativiser l'impact des médias sur le déroulement de la guerre

Dans son ouvrage The « Uncensored War » : the media and the Vietnam [6] le chercheur et spécialiste en communication et médias d’information Daniel C. Hallin s’est attelé quelques dix années après la fin du conflit, à déconstruire les théories média-centrée qui prévalaient du côté du gouvernement américain comme dans les critiques de la propagande médiatique. Ces théories tendaient en effet à considérer les médias comme ayant joué un rôle déterminant dans l’entrée en guerre ou la défaite américaine au Vietnam. Il tente donc à travers une étude des reportages du New-York Times entre 1961 et 1975 et des images retransmises à la télévision américaine de 1965 à 1973 de déconstruire ce mythe. Il montre ainsi comment jusqu’à la fin des années 1960, les médias se sont principalement rangés du côté du gouvernement en livrant une information factuelle sans jamais critiquer la politique du gouvernement, légitimant ainsi l’idéologie et l’interventionnisme américain face au « péril rouge ». Hallin ne nie pas toute implication de la presse dans la dénonciation de la politique américaine au Vietnam. Cependant, selon lui, l’origine des contestations qui vont mettre un terme à l’intervention américaine relève plus d’une incapacité du gouvernement à trouver une issue au conflit qui s’inscrit plus généralement dans une crise du système et des institutions politiques américaines, auxquelles viennent se greffer des protestations sociales telles que celles pour les droits civiques.

Source: salle421.eu Master 1 Communication politique et publique de l'université PAris Est Créteil- site consulé en avril 2025
Texte 6: Les médias, reflet ou creuset de l'opinion publique ?

Pendant le conflit vietnamien les téléspectateurs assistent à des reportages sur les bombardements, les patrouilles, voire les combats rapprochés. Des images de carnage franchissent l’océan pour se répandre dans les foyers à l’heure de grande écoute du « prime-time ». De cette version télévisée de la guerre, Lyndon Johnson dira en 1968 qu’elle a installé le défaitisme chez les Américains.
C’est surtout à partir de 1965 que l’envoi de troupes s’accélère pour atteindre rapidement le demi-million d’hommes. L’accroissement des bombardements, puis en 1968 l’offensive du Têt, traduisent les mécomptes de l’escalade au point de contraindre Johnson à renoncer à un nouveau mandat présidentiel. Y a-t-il cependant corrélation entre les réactions négatives du public et les déboires de la stratégie militaire ? A l’évidence les familles américaines passent alors davantage de temps devant leur téléviseur qu’à la lecture des journaux. Les images de l’offensive du Têt ne s’accompagnent pas couramment de commentaires visant à situer les combats dans un ensemble de données tactiques ou diplomatiques. Aussi les téléspectateurs sont-ils prompts à déduire de la brutalité des images une impression d’enlisement progressif.

Peut-être ces images bouleversantes du conflit vietnamien ne suffisent-elles pas totalement à expliquer l’hostilité du public vis-à-vis de l’engagement militaire. Elles sont toutefois complétées par de nombreux reportages sur les manifestations pacifistes qui créent un effet de masse, conférant ainsi à l’agitation de la rue ou des campus la dimension d’une « seconde guerre de Sécession », avec discours enflammés et foules imposantes où abondent des jeunes gens en âge d’être appelés sous les drapeaux.

Source: Royot, Daniel. « La guerre dans un fauteuil : le Vietnam, les civils et les médias ». La Guerre du Vietnam et l’opinion publique américaine (1961-1973), édité par Jean Cazemajou et Jean-Michel Lacroix, Presses Sorbonne Nouvelle, 1991,