CORE: L'affirmation de la politique spatiale chinoise dans les années 2000
La Chine a procédé à son premier vol spatial habité en 2003, rejoignant ainsi les États-Unis et la Russie parmi les rares puissances qui peuvent envoyer des humains dans l'espace et les faire revenir. Le lancement de la capsule Shenzhou, avec à son bord le premier taïkonaute chinois, fut un événement politiquement autant que scientifiquement important. Au-delà de l'intérêt scientifique certain, il apparaît clairement que la Chine a fait le choix de l'autonomie stratégique, et s'en donne les moyens. Qu'on en juge par l'exemple des satellites de géolocalisation : au début des années 2000, la Chine a pris un « ticket » dans le programme européen Galileo, destiné à fournir une alternative au GPS américain. Les retards pris par le programme européen ont poussé la Chine à lancer son propre système de géolocalisation. Et comme elle n'est handicapée ni par le manque de fonds, ni par les processus de décision, son système baptisé « Beidou » est devenu opérationnel avant Galileo. La Chine a également décidé de créer sa propre station spatiale après s'être vue refuser par les Américains la participation à la station internationale, l'ISS. Et en 2007, la Chine a testé son premier missile antisatellite, capable de détruire, à partir de la Terre, un satellite en orbite, relançant, de fait, la course aux armements dans l'espace. Le premier satellite chinois mis en orbite en 1970 pouvait simplement diffuser une chanson intitulée « L'Orient est rouge ». La Chine a fait du chemin dans l'espace depuis.
Pierre Haski, Géopolitique de la Chine, Eyrolles, 2018