- 14 janvier 2011 : la « révolution du Jasmin »
Ce jour-là, Zine el-Abidine Ben Ali fuit pour l’Arabie saoudite après 23 ans de règne sans partage, à l’issue d’une révolte populaire réprimée dans le sang, devenant le premier dirigeant arabe à quitter le pouvoir sous la pression de la rue. La contestation avait été déclenchée par l’immolation par le feu en décembre d’un jeune vendeur ambulant Mohamed Bouazizi, de Sidi Bouzid (Centre-Ouest), excédé par la pauvreté et les humiliations policières. Le président déchu, qui a été condamné par contumace de nombreuses fois pour homicide, torture et corruption, est décédé à 83 ans en 2019 en exil en Arabie saoudite.
- 23 octobre 2011 : la victoire d’Ennahdha
Le mouvement islamiste Ennahdha, légalisé en mars, remporte 89 des 217 sièges de l’Assemblée constituante lors des premières élections libres de l’histoire du pays. En décembre, Moncef Marzouki, militant de gauche, est élu chef de l’État par l’Assemblée constituante. Hamadi Jebali, numéro deux d’Ennahdha, forme le gouvernement.
- Avril 2012 : les premiers espoirs déçus
Des affrontements éclatent dans le bassin minier du Sud-Ouest entre chômeurs et policiers. En juin puis en août, des manifestations violentes et des attaques de groupuscules islamistes radicaux se multiplient. Des émeutes éclatent fin novembre à Siliana, ville déshéritée au sud-ouest de Tunis : 300 blessés en cinq jours. Grèves et manifestations, parfois violentes, touchent l’industrie, les services publics, les transports et le commerce. Comme en 2011, c’est dans les régions marginalisées économiquement que se cristallisent les tensions.
- Le 6 février et 25 juillet 2013 : les assassinats d’opposants
L’opposant anti-islamiste Chokri Belaïd est tué à Tunis le 6 février 2013. Le 25 juillet, c’est au tour du député de gauche Mohamed Brahmi d’être assassiné. Les deux meurtres seront revendiqués par des djihadistes ralliés au groupe État islamique (EI).
- Dates importantes de la Transition démocratique
Le 26 janvier 2014, une Constitution est adoptée, un gouvernement de technocrates formé et les islamistes se retirent du pouvoir.
Le 26 octobre, le parti anti-islamiste Nidaa Tounes de Béji Caïd Essebsi, qui regroupe aussi bien des figures de gauche et de centre droit que des proches du régime de Ben Ali, gagne les législatives, devançant Ennahdha.
En décembre, Béji Caïd Essebsi devient le premier chef de l’État élu démocratiquement de l’histoire du pays.
- 2015, 2016 : la succession d’attentats
La Tunisie est frappée en 2015 par trois attentats revendiqués par l’EI, implanté en Libye voisine. Ils font 72 morts, des touristes étrangers et des membres des forces de l’ordre, au musée du Bardo à Tunis, dans un hôtel de Sousse (Centre-Est) et un bus de la garde présidentielle à Tunis.
En mars 2016, des dizaines de djihadistes attaquent des installations sécuritaires à Ben Guerdane (Sud), tuant 13 membres des forces de l’ordre et 7 civils.
La situation sécuritaire s’est depuis nettement améliorée, mais des attaques continuent d'endeuiller ponctuellement le pays.
- Depuis 2016, les troubles sociaux
Début 2016, une vague de contestation débute à Kasserine (Centre) après le décès d’un jeune chômeur, électrocuté alors qu’il protestait contre son retrait d’une liste d’embauche. La colère se propage dans de nombreuses régions.
Début 2018, le pays est touché par un mouvement de contestation exacerbé par l’entrée en vigueur d’un budget d’austérité.
Le Sud tunisien, marginalisé, a été depuis en proie à des heurts entre forces de l’ordre et manifestants.
- Depuis octobre 2019, les scrutins et l’instabilité politique
Le 6 octobre 2019, Ennahdha redevient le premier groupe à l’Assemblée, lors des troisièmes législatives depuis la révolution, mais avec seulement un quart des sièges.
Le 13, un universitaire à la retraite quasi inconnu sur la scène politique, Kaïs Saïed, est élu président.
- en 2023, des élections boycottées
En 2023, avec près de 89% d'abstention en janvier au second tour des élections législatives en Tunisie, difficile de faire plus clair : les électeurs refusent de cautionner la dérive autocratique du chef de l'État. L'opposition, qui avait appelé au boycott de ce scrutin, pas plus crédible selon elle qu'"une pièce de théâtre", parle même de la "dérive dictatoriale" du président Kais Saied. Elle réclame désormais un front uni, politique et syndical, pour provoquer une élection présidentielle anticipée qui permettrait de chasser le président du pouvoir. À peine plus d'un Tunisien sur 10 a pris la peine d'aller voter hier