Portraits et témoignages 1929-1939
Dynamite Garland
C'est une serveuse séduisante de 45 ans dans un restaurant italien du Chicago's Loop. Elle est originaire de Cleveland "une famille ouvrière". Son père, avant la Dépression, était cheminot. Elle raconte à un historien ses mémoires de la Grande Dépression dans les années 1930


Je me souviens que nous dûmes soudainement déménager. Mon père avait perdu son travail et nous emménageâmes dans un double garage. Le propriétaire ne nous fit pas payer le loyer pendant sept ans.
Nous avions un poêle à charbon, and nous tournions, les trois enfants, pour nous réchauffer les jambes. Il faisait horriblement froid quand on ouvrait les portes de ce garage. Nous dormions tout habillés sous des couvertures et des tapis entassés sur nous.
Le matin nous sortions chercher un peu de neige que nous faisions fondre au dessus du poêle pour nous laver le visage. Nous enfilions deux paires de chaussettes sur chaque main, deux paires de chaussettes au pied et de long sous-vêtements que nous glissions dans nos chaussures Goodwill (chaussures de chantier très célèbres dans les années 1920). Et l'on prenait ainsi le chemin de l'école, à quatre miles de là (6.5 km environ)
Mon père avait possédé jusqu'à trois ou quatre maisons que son père lui avait léguées. Il les perdit toutes une par une. Une des familles ne pouvait pas payer le loyer. Ils avaient une pâtisserie. Ils nous payaient à moitié en argent et à moitié en cookies. Nous vivions de cookies écrasés et de petits pains. D'une certain façon mon père était très inventif.
Il trouvait toujours quelque chose pour nous nourrir. Nous mangeâmes des "Candy Cods" pendant trous mois. Cétaient de petits carrés au chocolat uqe nous faisions fondre dans du lait. Et il avait aussi un travail à temps partiel dans un restaurant chinois. Nous vivions grâce à ses nouilles sautées. Je ne les supporte plus désormais. Il travailla aussi comme distributeur d'échantillons de Corn Flakes. Nous nous alimentâmes avec des boules de Corn Flakes ou de Rice Krispies. Il en sortait de partout. Eux aussi, je ne les supporte plus.
J'avais environ quatorze ans quand je rejoignis la NYA (National Youth Administration, une des organisations mises en place par le gouvernement pour donner du travail aux jeunes de 16 à 25 ans) Je gagnais 12 dollars et 50 cents toutes les deux semaines. Je fabriquais des boîtes à chaussures. Je donnais la moitié à ma mère. C'était la première fois que je pouvais m'acheter des vêtements.
Puis je travaillais à mi-temps dans une pâtisserie. Il y avait des cafards qui couraient partout. On les dégageait simplement du pied. C'étaient vraiment de gros cafards.

extrait de "Hard Times: an oral history of the Great Depression, Studs Terkel", 1970, trad. personnelle