Document 2
l'ONF en difficulté
«Ces dernières années, des associations de riverains en colère se sont en effet constituées un peu partout sur le territoire, notamment dans l’Est et dans le Limousin, pour dénoncer le comportement de l’ONF, prédateur à leurs yeux. […] La dette financière de l’établissement, structurellement déficitaire, a aussi augmenté de 60 millions d’euros en 2018. La cause principale de ses problèmes: ses ventes de bois (259 millions d’euros en 2017), qui contribuent à 30 % de ses ressources, stagnent à un niveau très bas.
Le prix de vente moyen de l’ONF tourne, depuis des années, autour de 47 euros le mètre cube. Car à côté du chêne, correctement valorisé comme bois d’œuvre, l’essentiel des feuillus de la forêt française est composé d’arbres peu appréciés, comme le charme, destinés au bois énergie. […]
Ni les recettes publiques (dotations de l’État, aides pour la gestion des forêts domaniales et communales), ni les prestations pour le privé ne suffisent à couvrir les charges d’exploitation.[…]
Les principaux syndicats […] accusent l’établissement “d’industrialiser la forêt”. Comprendre : en faire une activité purement économique allant à l’encontre de l’ensemble des missions et de la préservation du patrimoine. […]
L’heure est aussi à l’élagage des effectifs, déjà réduits de 10000 à 9000 salariés en une dizaine d’années. 1500 emplois seraient ainsi menacés d’ici à 2022. Sur le terrain, certains estiment que l’ONF n’assure plus la totalité des missions de service public qui lui sont confiées (prévention des risques naturels, tourisme, etc.). Face au manque de personnel de l’organisme, la région PACA a par exemple été jusqu’à monter, durant l’été 2018, sa propre brigade de prévention des feux de forêt, tâche pourtant confiée à l’ONF, et pour laquelle il est rémunéré.»
Thierry Gadault, «Pourquoi l’Office national des forêts est au bord de la faillite»,
Capital, 22 janvier 2019, © Prisma Média