Le programme boulangiste
Triomphalement élu député de plusieurs circonscriptions lors d’élections législatives partielles en avril 1888, Boulanger expose son programme politique à la Chambre des députés.
«J’ai l’honneur de déposer sur le bureau de la Chambre des députés une proposition de résolution tendant à la révision des lois constitutionnelles […]. Tiraillée par les partis, compromise par des querelles misérables, elle [la République] appelle un régime nouveau […]. L’Église opportuniste (1) […] a à peu près détenu le pouvoir pendant 12 ans. Ce parti a toujours considéré la République comme son bien [et] a réduit la République à n’être que le gouvernement d’un groupe […]. Les élections de l’Aisne, de la Dordogne et du Nord n’ont point d’autre cause, bien qu’il s’y mêle un sentiment patriotique que je suis fier d’avoir provoqué […]. La responsabilité des ministres devant la Chambre équivaut à l’absorption du pouvoir exécutif par le pouvoir législatif et l’avilissement du premier. Afin de soustraire le pays à cette fatalité des crises ministérielles […], les fonctions ministérielles seront incompatibles avec les mandats électifs, et les ministres, tenus hors du Parlement, seront individuellement responsables devant le chef de l’État [qui] doit avoir le droit de s’opposer à la promulgation des lois dues à l’initiative parlementaire […]. Je verrai sans inconvénient disparaître le Sénat, qui ne représente rien et ne sert à rien. »
Extraits du débat à la Chambre des députés, le 4 juin 1888
1. Fait référence aux républicains partisans de réformes progressives, au pouvoir en France depuis 1879 et dirigés par Léon Gambetta puis Jules Ferry.