Les crises de la IIIe République
Le nationalisme dans la France de la fin du XIXe siècle
Toile de fond du boulangisme, le nationalisme français et la volonté de revanche sur la Prusse (fête nationale rue Saint-Denis (Paris), par Claude Monet, 1878).
 
L'agitation boulangiste.
La foule devant les bureaux de La Cocarde » consécutivement à la radiation de Boulanger des cadres de l'armée (L'Illustration 24 mars 1888).
 
Le programme boulangiste

Triomphalement élu député de plusieurs circonscriptions lors d’élections législatives partielles en avril 1888, Boulanger expose son programme politique à la Chambre des députés.

«J’ai l’honneur de déposer sur le bureau de la Chambre des députés une proposition de résolution tendant à la révision des lois constitutionnelles […]. Tiraillée par les partis, compromise par des querelles misérables, elle [la République] appelle un régime nouveau […]. L’Église opportuniste (1) […] a à peu près détenu le pouvoir pendant 12 ans. Ce parti a toujours considéré la République comme son bien [et] a réduit la République à n’être que le gouvernement d’un groupe […]. Les élections de l’Aisne, de la Dordogne et du Nord n’ont point d’autre cause, bien qu’il s’y mêle un sentiment patriotique que je suis fier d’avoir provoqué […]. La responsabilité des ministres devant la Chambre équivaut à l’absorption du pouvoir exécutif par le pouvoir législatif et l’avilissement du premier. Afin de soustraire le pays à cette fatalité des crises ministérielles […], les fonctions ministérielles seront incompatibles avec les mandats électifs, et les ministres, tenus hors du Parlement, seront individuellement responsables devant le chef de l’État [qui] doit avoir le droit de s’opposer à la promulgation des lois dues à l’initiative parlementaire […]. Je verrai sans inconvénient disparaître le Sénat, qui ne représente rien et ne sert à rien. »

Extraits du débat à la Chambre des députés, le 4 juin 1888

1. Fait référence aux républicains partisans de réformes progressives, au pouvoir en France depuis 1879 et dirigés par Léon Gambetta puis Jules Ferry.
Général de division, ministre de la Guerre en 1886-1887, Boulanger est très populaire dans l’armée. Ses positions agressives et imprudentes vis-à-vis de l’Allemagne entraînent son renvoi du gouvernement et sa mise à la retraite de l’armée. Il est aussitôt élu député dans plusieurs circonscriptions et rassemble derrière lui des monarchistes et des bonapartistes hostiles à la République, ainsi que des radicaux adversaires des républicains au pouvoir. Le pouvoir change les règles du scrutin en février 1889 (interdiction des candidatures multiples et obligation de déclarer au préalable sa candidature dans une seule circonscription) pour faire refluer le mouvement et contraint Boulanger à l’exil. Il se suicide en Belgique.

 
Un mouvement populaire
Propagande, huile sur toile de Jean-Eugène Buland, 1889.

Un colporteur d'imprimés diffuse des portraits du général Boulanger auprès d'une famille paysanne.