Les crises de la IIIe République
Arton est arrêté à Londres le 16 novembre 1895

(gravure du supplément illustré du Petit Journal).

Léopold Émile Aron est le fils d'Henri Aron, un négociant juif alsacien. Entre 1892 et 1898, il sert d'agent corrupteur dans le scandale de Panama. Afin de convaincre les parlementaires de voter une loi permettant à la compagnie de se financer, une vaste campagne de corruption est orchestrée. Puisant dans un fonds de plusieurs millions officiellement consacré à la propagande de la compagnie, le baron Reinach (banquier français d'origine juive-allemand) charge ainsi Arton de distribuer des chèques à de nombreux députés.
Soupçonné par la justoce, Arton livre la liste des "chequarts" puis s'enfuie à Londres où il est arrêté en 1895
 
Les chéquarts
Emile Arton, en cavale avant de rejoindre Londres, envoie à la presse une liste de « 104 chéquards » qui aurait touché des pots-de-vin : on retrouve parmi eux le ministre des Travaux publics Baïhaut, Rouvier le ministre de l’Intérieur, Floquet et Freycinet anciens présidents du Conseil et Clemenceau.
 
Action de la Compagnie Universelle du Canal Interocéanique de Panama en date du 29 novembre 1880
 
Un personnel républicain corrompu ?
Caricature d’Henri Meyer pour Le Petit Journal illustré, 7 janvier 1893.

Le banquier juif Jacques de Reinach, agent financier de la Compagnie du canal de Panama ayant payé des parlementaires pour qu’ils votent un emprunt en faveur de la construction du canal, «partage le gâteau» avec la famille de Lesseps et les autres accusés de corruption, tandis qu’un gendarme commence à arrêter les coupables
 

Le scandale de Panama (1892)

Le polémiste antisémite Édouard Drumont dénonce dans son journal le scandale des 104 députés « chéquards » ayant perçu des sommes provenant de la Compagnie de percement de l’isthme de Panama dirigée par l’ingénieur Ferdinand de Lesseps.

« Monsieur de Lesseps est un académicien, et l’illustre corps est peu soucieux de voir un de ses membres condamné pour abus de confiance […]. J’aurai à examiner les rapports de la Compagnie de Panama avec les entrepreneurs de la finance, et enfin le monde parlementaire […]. Pendant la période de Panama, la presse fut domestiquée […]. À qui Ch. de Lesseps faisait-il cette faveur (1) […]?

À toute une bande de vautours, à commencer par les administrateurs, les hommes politiques dont on payait ainsi le concours (2) […]. Voulait-on, par exemple, payer un ministre? Sous un nom d’emprunt quelconque, par l’intermédiaire d’un établissement financier, on lui attribuait un nombre de parts représentant la somme promise […]. Arton [un homme de main] commanditait La Presse avec de l’argent du Panama. La dynastie de Lesseps et leurs serviteurs restent debout et narguent la justice et trouvent encore un appui dans les sphères gouvernementales.»

Micros (pseudonyme d’Édouard Drumont), La Libre Parole, 12-18 septembre 1892.

(1). Sommes versées au titre de primes. Charles de Lesseps est le fils de Ferdinand de Lesseps, tous deux accusés de corruption.
(2). Il s’agit d’obtenir le soutien de députés pour voter l’autorisation d’un emprunt en faveur de la compagnie de percement de l’isthme de Panama.