Le scandale de Panama (1892)
Le polémiste antisémite Édouard Drumont dénonce dans son journal le scandale des 104 députés « chéquards » ayant perçu des sommes provenant de la Compagnie de percement de l’isthme de Panama dirigée par l’ingénieur Ferdinand de Lesseps.
« Monsieur de Lesseps est un académicien, et l’illustre corps est peu soucieux de voir un de ses membres condamné pour abus de confiance […]. J’aurai à examiner les rapports de la Compagnie de Panama avec les entrepreneurs de la finance, et enfin le monde parlementaire […]. Pendant la période de Panama, la presse fut domestiquée […]. À qui Ch. de Lesseps faisait-il cette faveur (1) […]?
À toute une bande de vautours, à commencer par les administrateurs, les hommes politiques dont on payait ainsi le concours (2) […]. Voulait-on, par exemple, payer un ministre? Sous un nom d’emprunt quelconque, par l’intermédiaire d’un établissement financier, on lui attribuait un nombre de parts représentant la somme promise […]. Arton [un homme de main] commanditait La Presse avec de l’argent du Panama. La dynastie de Lesseps et leurs serviteurs restent debout et narguent la justice et trouvent encore un appui dans les sphères gouvernementales.»
Micros (pseudonyme d’Édouard Drumont), La Libre Parole, 12-18 septembre 1892.
(1). Sommes versées au titre de primes. Charles de Lesseps est le fils de Ferdinand de Lesseps, tous deux accusés de corruption.
(2). Il s’agit d’obtenir le soutien de députés pour voter l’autorisation d’un emprunt en faveur de la compagnie de percement de l’isthme de Panama.