One Belt One Road
Doc. 8. Le point faible de la Chine, ce sont ses ports

Pour compenser la vulnérabilité de sa façade maritime et opérer un rééquilibrage stratégique, Pékin pourrait placer un pion à Cuba, estime le fondateur de Geopolitical Futures, Georges Friedman

D'un point de vue militaire, la Chine est dans une position difficile. Il s'agit d'une puissance commerciale qui a besoin d'accéder aux océans pour atteindre le monde. Ses ports d'envergure se trouvent sur sa côte orientale. Sa peur fondamentale serait que les États-Unis, ou toute autre puissance, bloquent ces ports, rendant ainsi impossibles les importations et les exportations. Ce qui nuirait lourdement à son économie. Les États-Unis disposent de la puissance navale et aérienne nécessaire pour fermer ces ports, et peuvent compter sur une vaste coalition : Japon, Corée du Sud, Taïwan, Philippines, Indonésie, Singapour et Australie. À l'heure actuelle, il n'existe pas d'organisation unique réunissant tous ces pays, comme au temps de l'OTAN et des Soviétiques, et chaque membre de cette coalition entretient des relations économiques bilatérales avec la Chine et avec les États-Unis. En cas de crise, la réaction de chacun de ces pays est donc imprévisible.

Reste que l'accès maritime est fondamental pour la Chine. Et que l'éventualité d'un blocus suffit à en faire le premier problème du pays. En matière d'intérêt national fondamental, rien n'est plus effrayant que l'incertitude, même avec de possibles solutions de rechange comme les liaisons ferroviaires incluses dans le projet de la Nouvelle route de la soie (One Belt, One road) pour relier la Chine a l'Europe.

Pékin a besoin de certitude et entretient une image de confiance un brin surfaite dans la mesure où nous vivons dans un monde où les États-Unis sont leur adversaire potentiel. En outre, si le produit intérieur brut de la Chine avoisine les 15 000 milliards de dollars, les pays auxquels elle est confrontée ont un PIB total d'environ 33 000 milliards de dollars. Sans compter que la Chine n'a pratiquement pas d'alliés officiels, et aucun dans cet archipel. À l'inverse, les États-Unis ont des relations étroites avec la plupart de ses pays, et des relations cordiales avec tous.



 
Doc. 9. Interview de l'amiral Pierre Vandier, chef d'état-major de la Marine
« Chaque année, à l’image d’un collier étrangleur, nous sommes un peu plus sous pression dans cette région du monde. La présence militaire chinoise s’affirme de plus en plus avec dureté. Désormais, dès l’entrée en mer de Chine, alors que nous naviguons en espace maritime international, nous sommes systématiquement escortés de très près par des navires militaires chinois. Cette année, nous avons subi des contraintes de navigation, à l’image d’un passant sur un trottoir qui reçoit des coups d’épaule et doit dévier de son chemin », a décrit le CEMM (Chef d'état-major de la Marine), pour qui « l’approche qu’a la Chine de la zone est de plus en plus territorialisante ».
Et d’ajouter : « La Chine a envie de modifier des règles internationales, de sortir d’un état qui ne lui convient pas. En mer, son objectif est clairement d’étendre sa surface. Cette évolution se poursuivra, sauf si l’on trouve le moyen d’équilibrer le dialogue stratégique ». Seulement, a conclu l’amiral Vandier, « si personne ne veut la guerre mais que beaucoup veulent changer les équilibres, la question est donc de savoir si l’on peut changer des équilibres sans faire la guerre »…

 
Doc. 10. Les nouvelles routes de la soie: un enjeu géopolitique (contenu vidéo)
Le projet chinois des « nouvelles routes de la soie » (One Belt, One Road) vise à l’origine à créer un réseau d’infrastructures dédié au transport de marchandises de la Chine vers l’Europe, en passant par l’Asie centrale et l’Afrique. Les « nouvelles routes de la soie » font référence à l’ancien réseau de routes commerciales entre la Chine, le Moyen-Orient et l’Europe, à une époque où grâce à son commerce, la Chine dominait le monde.


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