Mémoires de la guerre D'Algérie
Les immigrés algériens en métropole
Manifestation des travailleurs algériens. Paris, 17 octobre 1961 © Roger-Viollet


La guerre d’indépendance en Algériene ralentit pas les migrations algériennes. Au cours de ces huit années de conflit, le nombre des Algériens présents sur le territoire métropolitain passe de 211 000 en 1954 à 350 000 en 1962.
La France a besoin de main d'oeuvre et l’immigration algérienne demeure une migration économique, les hommes occupant les emplois les plus pénibles et les moins rémunérateurs (principalement dans le BTP et la métallurgie)

L’implantation de cette nombreuse communauté algérienne en métropole devient un enjeu de premier ordre pour les deux partis nationalistes rivaux : le MNA (Mouvement national algérien) du père du nationalisme Messali Hadj, qui doit faire face aux velléités du FLN (Front de libération nationale) qui a déclenché l’insurrection de la Toussaint rouge, le 1er novembre 1954. Leur affrontement dégénère en une lutte fratricide sanglante au terme de laquelle le FLN s’enracine au sein de l’immigration. Elle devient une force d’appui essentielle à la conduite de la guerre d’indépendance par son apport financier (les cotisations étant obligatoires)
 
Le massacre du 17 octobre 1961 : épisode /11 du podcast La guerre d'Algérie
AUDIO • La guerre d'Algérie, épisode /11 : Le massacre du 17 octobre 1961. Une série inédite proposée par France Inter. Écoutez 2000 ans d'histoire, et découvrez nos podcasts en ligne.
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Le bidonville de Nanterre
A sept kilomètres de Paris, les travées boueues des bidonvilles nanterrois
© Getty - Hulton-Deutsch Collection/Corbis

Le bidonville de Nanterre, parfois appelé les bidonvilles de Nanterre ou le petit Nanterre est un ancien ensemble de bidonvilles situés à Nanterre et ayant existé de 1953 à 1972 dans lequel vivaient plus de 10 000 personnes venues majoritairement d'Algérie, mais aussi du Maroc et du Portugal.
Le premier bidonville de Nanterre a vu le jour en 1953. Les premiers bidonvilles sont essentiellement peuplés de personnes venues d'Algérie. Le 17 octobre 1961, des centaines d'Algériens partent du bidonville à l'appel du FLN pour aller manifester, donnant à ce bidonville une visibilité auprès de la population française. À partir des années 1960, des personnes venues du Maroc, du Portugal, et un peu d'Italie, rejoignent celles de la diaspora algérienne. Dans une optique de contrôle de la population, les bidonvilles sont détruits et les habitants délogés de force vers des cités de transit. Le dernier bidonville de Nanterre ferme en 1972

Pour en savoir plus:
 
Le massacre du 17 octobre 1961
17 octobre 1961, les forces de police jettent à la Seine de nombreux Algériens, lors d’une manifestation pacifique organisée par le FLN - photo Jean Texier / L'Humanité

À l’appel du FLN, les Algériens de la région parisienne boycottent le couvre-feu le 17 octobre 1961. La répression par la police (sous les ordres du préfet Maurice Papon) est brutale: près de 14 000 manifestants sont arrêtés dont 300 sont jetés à la Seine ou exécutés.

Les Algériens de métropole (210 000 recensés en 1954, 350 000 en 1962 et 436 000 selon le ministère de l’Intérieur) sont essentiels à l'effort de guerre des indépendantistes en Algérie puisqu'ils fournissent un soutien financier important (80 % des ressources du GPRA en 1961, selon Ali Haroun).
De 1954 à 1962, une lutte impitoyable a opposé les indépendantistes algériens en France, soutenus par la grande majorité de la population immigrée, aux forces de l'ordre, dont le point culminant a été les sanglantes manifestations d'octobre 1961
 
Le jour de l’indépendance dans le bidonville de La Folie à Nanterre.
Photo prise par Monique Hervo
© Monique Hervo, Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, MHC