Les appelés de la guerre d’Algérie
le gouvernement français souhaite mettre rapidement fin par des « opérations de maintien de l’ordre », de « pacification » et par l’envoi d’un grand nombre de soldats du contingent. Ce sont de jeunes hommes - dits Français de Souche Européenne (FSE) ou Français de Souche Nord-Africaine (FSNA), selon la terminologie employée à l’époque, nés en métropole ou dans la colonie de peuplement - qui sont appelés sous les drapeaux afin de faire leurs classes .
D’une durée normale de douze mois (loi n°46-188 du 14 février 1946), la période probatoire qu’est le service militaire est ensuite prolongée à dix-huit mois (loi n°50-1478 du 30 novembre 1950), en raison du décalage entre les classes creuses en métropole liées à une fécondité en chute et les classes trop importantes en Algérie, du fait de la mobilisation des FSNA. Les conscrits sont par conséquent mobilisés à 20 ans en métropole tandis qu’en Algérie, ils le sont à 21 ans.
Si certains actes d’insoumission (refus d’entrer sous les drapeaux) ou de désobéissance (refus d’exécuter les ordres reçus) ont été notables – comme le blocage des trains par les rappelés et les soldats maintenus sous les drapeaux en 1955 et 1956 ou le retard volontaire de plusieurs conscrits pour revenir de leur permission, par exemple – ils sont restés généralement faibles car condamnés par le code de justice militaire qui avait été principalement défini par les lois des 9 et 31 mars 1928.
À une période d’amnésie et d’oubli de la « guerre sans nom » succède « un retour du refoulé » se traduisant notamment par la publication de témoignages rédigés par d’anciens appelés, et des entretiens faits auprès d’historiens, en particulier dans les années 2000 lors du débat sur l’usage de la torture, mais aussi par la réalisation de films. Le besoin d’avoir des espaces de parole ou de se réunir en « communautés en deuil » les incite à rejoindre des associations comme la Fédération Nationale des Anciens Combattants en Algérie, Maroc et Tunisie (FNACA), classée à gauche, ou l’Union Nationale des Combattants en Afrique du Nord (UNCAFN), classée à droite, par exemple. Après avoir réussi à faire reconnaître leur statut d’ancien combattant en 1974, plusieurs « lieux de mémoire » et de sépulture ont été construits ces dernières années pour rendre hommage aux appelés de la guerre d’Algérie à l’instar du « Mémorial national de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie » (inauguré au Quai Branly, le 5 décembre 2002) et de la stèle en souvenir des disparus des Abdellys érigée, en 2015, au cimetière du Père-Lachaise.
Soraya Laribi, docteure en histoire (Sorbonne Université)