Mémoires de la guerre D'Algérie
Les appelés dans la guerre d’Algérie : épisode /11 du podcast La guerre d'Algérie
AUDIO • La guerre d'Algérie, épisode /11 : Les appelés dans la guerre d’Algérie . Une série inédite proposée par France Inter. Écoutez 2000 ans d'histoire, et découvrez nos podcasts en ligne.
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Une manifestation à Paris, en 1961, contre la conscription
En 1955 se déroulent aussi les premières manifestations d’appelés et de rappelés.
En 1956, les manifestations s’amplifient. À Rouen, la caserne de Richepanse est occupée ; de violents affrontements se déroulent à Grenoble ; un train est arrêté plus de vingt fois entre Carcassonne et Sète ; à Saint-Nazaire, des ouvriers entament une grève de solidarité avec les « disponibles »

La reprise en main s’effectue à l’arrivée en Algérie, les meneurs sont envoyés au mitard ou dans des bataillons disciplinaires.
Au global, environ 12 000 soldats français ont désobéi pendant la guerre d'Algérie, pour un contingent total de 1 200 000 appelés en Algérie.
Cela porte la proportion à environ 1 % des soldats, ce qui reste une proportion très faible et comparable à d'autres conflits.

 
Les appelés de la guerre d’Algérie

le gouvernement français souhaite mettre rapidement fin par des « opérations de maintien de l’ordre », de « pacification » et par l’envoi d’un grand nombre de soldats du contingent. Ce sont de jeunes hommes - dits Français de Souche Européenne (FSE) ou Français de Souche Nord-Africaine (FSNA), selon la terminologie employée à l’époque, nés en métropole ou dans la colonie de peuplement - qui sont appelés sous les drapeaux afin de faire leurs classes .

D’une durée normale de douze mois (loi n°46-188 du 14 février 1946), la période probatoire qu’est le service militaire est ensuite prolongée à dix-huit mois (loi n°50-1478 du 30 novembre 1950), en raison du décalage entre les classes creuses en métropole liées à une fécondité en chute et les classes trop importantes en Algérie, du fait de la mobilisation des FSNA. Les conscrits sont par conséquent mobilisés à 20 ans en métropole tandis qu’en Algérie, ils le sont à 21 ans.

Si certains actes d’insoumission (refus d’entrer sous les drapeaux) ou de désobéissance (refus d’exécuter les ordres reçus) ont été notables – comme le blocage des trains par les rappelés et les soldats maintenus sous les drapeaux en 1955 et 1956 ou le retard volontaire de plusieurs conscrits pour revenir de leur permission, par exemple – ils sont restés généralement faibles car condamnés par le code de justice militaire qui avait été principalement défini par les lois des 9 et 31 mars 1928.

À une période d’amnésie et d’oubli de la « guerre sans nom » succède « un retour du refoulé » se traduisant notamment par la publication de témoignages rédigés par d’anciens appelés, et des entretiens faits auprès d’historiens, en particulier dans les années 2000 lors du débat sur l’usage de la torture, mais aussi par la réalisation de films. Le besoin d’avoir des espaces de parole ou de se réunir en « communautés en deuil » les incite à rejoindre des associations comme la Fédération Nationale des Anciens Combattants en Algérie, Maroc et Tunisie (FNACA), classée à gauche, ou l’Union Nationale des Combattants en Afrique du Nord (UNCAFN), classée à droite, par exemple. Après avoir réussi à faire reconnaître leur statut d’ancien combattant en 1974, plusieurs « lieux de mémoire » et de sépulture ont été construits ces dernières années pour rendre hommage aux appelés de la guerre d’Algérie à l’instar du « Mémorial national de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie » (inauguré au Quai Branly, le 5 décembre 2002) et de la stèle en souvenir des disparus des Abdellys érigée, en 2015, au cimetière du Père-Lachaise.

Soraya Laribi, docteure en histoire (Sorbonne Université)
 
Les appelés du contingent débarquent en Algérie à partir de 1955
Arrivée d'une unité de rappelés de l'infanterie. 17 juin 1956, Alger.

©Raymond VAROQUI/ECPAD/Défense

 
Témoignages sur la torture pendant la guerre d'Algérie - Archive vidéo INA
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La difficile mission de gagner les coeurs

"On avait une mission, pacifier l’Algérie, non pas par la paix des cimetières, mais par la paix du cœur. Nous, jeunes soldats, ainsi que nos cadres, on l’avait compris. Qu’il y ait eu des bavures, c’est incontestable, mais l’esprit qui régnait, c’était la pacification par la conquête des cœurs. /.../ On dit que l’armée française faisait régner la terreur là-bas. Je crois que ce n’était pas vrai. On avait une mission humanitaire qu’on a essayé d’appliquer. On était pas préparés à cela, mais le cœur y était. On était vraiment dépourvu de tout sentiment raciste, de tout sentiment de haine. Ce qui n’empêche pas que, quand on attrapait un salopard, on lui faisait son compte joyeusement, un type qui avait massacré, torturé, mutilé, il n’avait pas à compter sur notre pitié..."
Jean-Marie Berger, interview 473, par Agnès Mascaras
[Témoignage soldat français séquestré par le FLN]
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