Ils étaient officier, étudiant, médecin, industriel, ils sont devenus " activistes " et " rebelles ". Aujourd'hui, " terroristes à la retraite ", les anciens de l'OAS livrent leur vie, leurs motivations et racontent le combat sans pitié pour l'Algérie française. Cette vingtaine de récits croisés plonge dans les coulisses de l'histoire, des débuts du contre-terrorisme aux heures clandestines de l'OAS en passant par les préparatifs du 13 mai 1958 ou les dessous du putsch de 1961.
Extraits:
Paris 1962
Organisé et déterminé, Armand Belvisi qui, par des « relations », a
intégré un réseau clandestin, se lance sans état d’âme et sans stress dans les
actions violentes. « Je fais des plasticages dans Paris, explique-t-il
calmement. Je travaille la journée et le soir je fais les attentats. Un
plasticage, c’est simple, les cibles nous sont données… Des nuits bleues, il
y en a vingt-quatre, j’en fais trois. On me dit le secteur dans lequel on va
évoluer et, dans la journée, je fais le repérage. Je plastique [le journaliste]
Maurice Duverger, [l’éditeur] Maspero et Jeanneney, le ministre de
l’Industrie. On opère à un ou à deux. J’en fais un tout seul. J’arrête ma
voiture, je pose la bombe et je pars. Des plasticages dans Paris, il y en a
pour dire que nous sommes là, nombreux, actifs. Moi, je fais ce qu’on me
dit. Je ne réfléchis pas aux objectifs. Je fais confiance à ceux qui donnent
les ordres. »
Alger 1962
Alger, les attentats et les actions contre les musulmans se
multiplient. « À partir du moment où nous sommes partis, où Degueldre est
arrêté, le 7 avril, les troupes sur place, le tempérament latin aidant, ça
débouche sur les ratonnades qu’on peut déplorer, c’est sûr », admet Pierre
Montagnon. L’organisation s’oppose, comme à Oran, au départ des
Européens et s’en prend violemment à ceux qui désobéissent. Rien ne va
plus.