Mers et oceans
7. Un laboratoire de coopération navale
Le porte-aéronefs indien Vikramaditya à Goa en mai 2019, pour la 17e édition de Varuna, un exercice naval franco-indien qui fait intervenir 12 navires militaires des deux flottes.

Le temps où l’Inde dénonçait la présence de puissances extrarégionales dans l’océan Indien est lointain. La coopération navale constitue un axe fort du partenariat stratégique avec les États-Unis depuis la fin des années 1990. Idem avec la France, à la différence que cette dernière estime être une nation de l’océan Indien grâce à son département de la Réunion. Dans le golfe du Bengale, l’Indian Navy a une coopération étroite avec Singapour, en plus de conduire des patrouilles conjointes bisannuelles avec la Thaïlande, l’Indonésie et la Birmanie. En mer d’Arabie, c’est Oman qui est son meilleur partenaire, même si ses contacts sont nombreux avec la plupart des États du golfe et l’Iran. Plus au sud, l’Indian Navy exerce une forte influence auprès des Seychelles et de Maurice, en les aidant par exemple à surveiller leur ZEE. Elle entretient aussi des échanges réguliers avec le Kenya, le Mozambique et la Tanzanie, et conduit des exercices conjoints bisannuels avec l’Afrique du Sud [...]. Concernant les puissances extrarégionales, l’Indian Navy expérimente un format de coopération navale trilatérale avec les États-Unis et le Japon tout en se rapprochant de la marine australienne depuis 2015. Sans complètement s’aligner sur Washington, l’Inde se montre disposée à travailler avec les États-Unis et leurs alliés pour contribuer au maintien de la sécurité en océan Indien. Isabelle Saint-Mézard, Atlas de l'Inde, Autrement, 2016.
 
5. Un océan « Indien » ?
 
6. Les perles de l'océan Indien

« Collier de perles » est une expression américaine employée pour décrire ce que les États-Unis considèrent comme une stratégie hégémonique de puissance maritime chinoise, déployée à partir de 2003. L’expression a ensuite été théorisée et conceptualisée afin de décrire les liens tissés par la Chine avec les pays situés entre l’Asie du Sud-Est et le golfe Arabo-Persique, ainsi que l’implantation de bases aéronavales ou l’obtention de facilités militaires, le long des routes maritimes chinoises. Cette stratégie serait née du constat de la vulnérabilité chinoise en matière d’approvisionnement énergétique. Ainsi, le « collier de perles » serait une stratégie chinoise alternative déployée pour sécuriser ses voies maritimes d’approvisionnement énergétique et, au passage, ses voies maritimes commerciales face à des menaces non-étatiques (piraterie, terrorisme). Il aurait également pour objectif de constituer le volet logistique et soutien de la montée en puissance de la marine chinoise et de son expansion en Asie du Sud-Est et dans l’océan Indien, principalement dans la zone nord de ce dernier. Il serait également pour la Chine un moyen d’acquérir une profondeur stratégique face aux États-Unis, l’Inde, le Japon et ce, dans le cadre d’un éventuel conflit avec Taïwan. Kevin Merigot, « Collier de perles et bases à usage logistique dual », Geostrategia.fr, 22 janvier 2019.
4. comment lutter contre la piraterie ?
L’océan Indien est un des hauts lieux stratégiques de la planète. La juxtaposition des routes maritimes (dont les nouvelles routes de la soie) et l’implantation de bases militaires majeures (Diego Garcia, Djibouti, Doha) nous le rappellent fréquemment. La concentration des forces navales internationales ou nationales est importante et elles tentent de lutter contre les trafics en tous genres. [...] Les architectures de sécurité maritime se mettent en place en fonction des menaces. [...] Jonction entre Malacca et l’océan Atlantique, l’océan Indien a tardé à créer sa propre architecture. [...] Nous pouvons constater une baisse des actes de piraterie dans la région, mais elle s’est faite sans une réelle implication africaine directe et conséquente. [...] Le regroupement du Kenya, de la Tanzanie, du Mozambique, de Djibouti, de la Somalie, de Maurice, des Seychelles, de l’Union des Comores et de Madagascar au travers du programme MASE qui couvre l’Afrique orientale et australe et l’océan Indien (AfOA-OI) correspond à cet objectif. [...] L’Union européenne est le bailleur de fonds (37,5 millions d’euros). Les autres partenaires techniques du programme sont l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC), Interpol et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). [...] La mise en œuvre des deux centres permettra à l’AfOA-OI de s’approprier la sécurité maritime et de petit à petit prendre la main à la place des marines de guerre étrangères. Patrick Ferras, « Océan Indien : quelle sécurité maritime ? », IRIS, 26 septembre 2018.
 
3. La lutte contre la pêche illégale

Patrouilles maritimes et aériennes, échange d’informations, mise en place de centres de surveillance : cela fait dix ans que les pays de l’océan Indien ont décidé d’unir leurs moyens pour lutter contre la pêche illégale dans cette zone. Une coopération qui a porté ses fruits, estime Hamada Madi, le secrétaire général de la Commission de l’océan Indien. « Nous avons réussi à mettre ensemble huit États qui désormais contrôlent 6 millions de km2, ce qui est énorme et presque unique dans le monde, explique à RFI Hamada Madi. Il y a des résultats concrets dans la mesure où, chaque jour, nous avons attrapé des bateaux pour des pêches illicites [...]. » [...] Dans cette coopération, Madagascar réalise plus de la moitié des surveillances en mer. « La plupart des bateaux qui ont été arrêtés sont des bateaux du Sud-Est asiatique. Ce sont ces bateaux qui naviguent autour des zones économiques exclusives », précise Gilbert François, ministre malgache de la Pêche. Sur les 12 bateaux arrêtés lors des patrouilles : plus de la moitié viennent de Taïwan, de la Thaïlande et du Sri Lanka. Le thon est l’espèce la plus touchée par cette pêche illégale. Environ 20 % des captures totales des thonidés dans cette zone proviennent de la pêche illicite. « Océan Indien : quand les ministres font le point sur la lutte contre la pêche illégale », RFI, 22 juillet 2017.
1. Un océan mondialisé entre exploitation et tensions
 
2. L’océan Indien, nouveau centre du monde ?

Alfred Thayer Mahan, officier de la marine américaine au XIXe siècle, s’exprimait en ces mots : « La puissance qui dominera l’océan Indien contrôlera l’Asie et l’avenir du monde se jouera dans ses eaux. » [...] Troisième plus grand océan du monde, il est au cœur de bon nombre d’enjeux. Ce territoire maritime est la plaque tournante permettant la projection vers l’Asie, l’Europe, l’Afrique. Il est le centre du marché pétrolier mondial et abrite la plus grande autoroute maritime commerciale. [...] Les puissances telles que l’Inde, la Chine, les États-Unis ou la France, cherchent à protéger leurs intérêts commerciaux et à pérenniser la stabilité sur ce territoire. L’Inde, par exemple, est progressivement devenue un élément incontournable des relations internationales. Elle cherche notamment à contrer la Chine, qui s’investit dans l’océan Indien. [...] L’équilibre des puissances maritimes de la région tend à se modifier. De par l’émergence et la projection de puissance de la Chine et de l’Inde, les États-Unis ne seront plus considérés comme la puissance maritime dominante de l’océan Indien. Pour autant, comme le montrent bon nombre d’études, les États-Unis se maintiendront en acteur majeur et conserveront la flotte navale la plus avancée. Thomas Marrier d’Unienville, « Lʼocéan Indien, nouveau centre du monde ? », Diploweb, 3 février 2019.