La question de la reconnaissance du vote blanc apparaît aujourd’hui totalement décalée au regard de la crise grave que traverse notre pays. C’est un projet anecdotique, de peu d’intérêt, dans une France où la violence de la rue se substitue au fonctionnement normal de nos institutions. Il n’apporte aucune réponse concrète à la crise de notre démocratie représentative.Il semble souhaité par une partie des électeurs mais on a beaucoup de peine à identifier le but recherché et son intérêt réel.
En fait, il convient de se poser la question essentielle du vote. Voter c’est faire un choix. Voter blanc c’est dire qu’aucun candidat ne me convient, c’est l’affirmer en ne prenant pas parti. Comptabiliser les votes blancs permet de déclencher des commentaires, des analyses politiques, mais on sort de l’objectif du scrutin : Choisir un candidat pour lui confier le pouvoir exécutif. Un tel dispositif est-il vraiment utile ? De plus, la reconnaissance du vote blanc présente un véritable risque puisqu’il affaiblit la légitimité de l’élu. Cette légitimité se calcule en pourcentage des suffrages exprimés. Heureusement !
En les prenant en compte dans la base de calcul, le score du candidat élu est mécaniquement diminué. Dans la période que nous traversons et dans celle que nous allons connaître, les élus auront besoin d’affirmer une autorité, qui hélas, leur est de plus en plus contestée. Au sortir d’une élection, l’élu doit avoir les moyens d’exercer son mandat.
Réduire en pourcentage le résultat du vainqueur aboutit à l’affaiblissement de l’élu. Il leur est reproché de ne pas peser sur les choses, de ne pas pouvoir changer ce qui doit être changé. Leur affaiblissement ne peut aboutir qu’à un résultat contre-productif.
Les démocraties les plus performantes sont celles dans lesquelles les institutions solidifient les mandats électifs. Cette proposition doit rester dans les cartons à une période où l’action doit prendre le pas sur le commentaire. La reconnaissance du vote blanc n’est pas une bonne chose pour notre démocratie.