Le lien social
Un immeuble dans le quartier Reynerie-Mirail à Toulouse
 
Les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV)
Depuis 2015, une nouvelle géographie d’intervention prioritaire de la politique de la ville est en vigueur, recentrée sur les zones considérées comme les plus en difficulté, en tenant principalement compte de la faiblesse des revenus des habitants. En France métropolitaine, 1 300 quartiers sont ainsi répertoriés sous le nom de quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), qui regroupent 7,5 % de la population. Ces quartiers sont situés en grande majorité dans les grands pôles urbains. En effet, 58 % des habitants des QPV vivent dans les régions Île-de-France, les Hauts-deFrance et Provence Alpes-Côte d’Azur (Renaud, Sémécurbe, 2016). Le taux de pauvreté, qui correspond à un niveau de vie inférieur à 60 % du niveau de vie médian, atteint 42 % dans les quartiers de la politique de la ville contre 16 % dans les villes auxquelles ils appartiennent. Ces quartiers ne concentrent cependant pas l’ensemble de la pauvreté, puisque d’après l’Observatoire des inégalités, en 2018, les trois quarts des Français pauvres vivent hors de ces zones (ibid.). Néanmoins, ils abritent une jeunesse en grande partie éloignée du confort et des capacités de consommation des adolescentes et adolescents de classe moyenne ou supérieure, puisque plus de la moitié des jeunes de moins de 18 ans des quartiers QPV vivent sous le seuil de pauvreté. .
 
Le recul de la mixité sociale peut fragiliser l’ensemble de la société. Lorsque les classes supérieures de la société n’entretiennent ni contacts ni relations avec le reste des citoyens, lorsque les classes populaires sont cantonnées dans des cités en marge de la ville, le lien social est mis à mal, la ségrégation se renforce et des tensions peuvent se développer.
La mixité est une richesse que l'on perd dans la ségrégation socio-spatiale
 
Films:
Banlieusards Kerry James
Divines Houda Benyamina
La haine Matthieu Kassovitz
L'entre-soi bourgeois

Le XVIe arrondissement a une image symbolique extérieure forte de richesse. C’est vrai que l’homogénéité sociale y est importante. Mais cela ne veut pas dire que tout le monde est riche. La richesse est dispersée. À l’intérieur même de l’arrondissement, il y a une très forte ségrégation. Si l’on prend les codes postaux, le 75116, au nord de l’arrondissement, est un quartier grand-bourgeois. Et à l’intérieur de ce quartier, on retrouve, sur le modèle des poupées russes, d’autres phénomènes de microségrégations, comme avec la villa Montmorency, totalement emmurée, impénétrable. […] Il s’agit d’un entre‑soi bourgeois. On est dans un entre-soi résidentiel, mais aussi idéologique fort, ce qui est une particularité du XVIe arrondissement. […] Au second tour de l’élection présidentielle de 2012, Sarkozy a fait 78 %. […] Ce quartier a été construit par et pour les bourgeois. […] Les riches doivent pouvoir avoir de l’espace, et cet espace redouble leur pouvoir symbolique. On le voit bien dans l’homogénéité urbaine et architecturale du XVIe arrondissement : les avenues sont larges, il y a des jardins, de la verdure, on sent qu’on respire mieux… Il n’y a absolument rien en commun avec la Goutte d’Or par exemple [quartier populaire du XVIIIe arrondissement, ndlr]. […] Il y a à peine 4 % de logements sociaux dans l’arrondissement, alors que la loi SRU impose un seuil de 25 %. Les habitants ont aussi refusé que le tramway passe dans leur quartier. Le fait de vivre entre soi procure un sentiment d’impunité, l’argent les persuade qu’ils peuvent échapper à toute règle de solidarité sociale.

Juliette Deborde, « Le XVIe est l’arrondissement de l’entre‑soi bourgeois », interview de la sociologue Monique Pinçon‑Charlot, Libération, 17 mars 2016.