Derrière les théories complotistes et leurs adeptes crédules, des courants politiques ont parfaitement compris le potentiel électoral de ces rumeurs qui valident leur vision du monde et diabolisent leurs adversaires. Avec le 11/09, le complotisme devient un instrument de conquête du pouvoir.
Depuis 2001, les militants des théories complotistes se présentent comme de simples citoyens, apolitiques et non partisans. Seulement curieux de faire avancer la vérité sur le 11 septembre, ils n’auraient pas d’agenda idéologique. Pourtant, dès les premiers mois de l’année 2002, les leaders de cette mouvance se sont trouvés de sulfureux parrains. A Téhéran, Damas, Caracas et Moscou, on observe l’invasion de l’Irak et on redoute d’être les prochains sur la liste de l’administration Bush. Leurs propagandistes y ont vite compris comment ces rumeurs qui diabolisent le gouvernement américain pouvaient servir leurs discours anti impérialiste et les aider à gagner la bataille de l’opinion publique. Au Moyen-Orient, certains y voient le prétexte idéal pour éviter d’avoir à poser à l’islam politique des questions qui fâchent. Discrédité en France, Thierry Meyssan devient dans ces capitales un hôte de marque, reçu par les télévisions d’Etat et hébergé par les régimes les moins recommandables.
Plus près de nous, à Paris, les tenants de l’antisystème qui tentent de consolider et de monétiser leur audience ont bien compris qu’ils tenaient là une arme redoutable pour alimenter leur entreprise politique. D’Alain Soral à Dieudonné, de Jean-Marie le Pen à François Asselineau, le potentiel électoral du complotisme laisse d’autant moins indifférent qu’aux Etats-Unis les réseaux sociaux permettent à certains conspirationnistes de faire carrière : devenu multimillionnaire, Alex Jones est désormais à la tête d’un empire médiatique conspirationniste si influent que Donald Trump en fait un conseiller officieux de sa campagne présidentielle victorieuse.