Le lien social
Vocabulaire

Chômage : état d’un individu sans emploi qui en recherche un. Précarité : synonyme d’incertain, fragile, non assuré. Ubérisation : du nom de l’entreprise Uber, phénomène économique qui met en relation directe les prestataires et les utilisateurs, souvent en passant par une plateforme sur Internet (type Uber, Airbnb, Blablacar).
S02E03 "Les jeunes d'aujourd'hui ne veulent plus travailler !"
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Le chômage, un problème persistant en France

 

Les conséquences de l'ubérisation

J’ai commencé Deliveroo il y a près d’un an, je fais ça à temps plein. Grosso modo, je travaille sur les heures les plus rentables, de 11 heures du matin à minuit, six jours sur sept. Ça me fait quand même des semaines de 80 heures, à raison de 13 heures par jour, c’est beaucoup mais j’aime ça. Sur le plan financier, on est payé à la quinzaine. En ce moment, je tourne à 2 000 euros brut, ce qui me fait à peu près 3 000 net à la fin du mois. Mais l’hiver, quand on travaille bien, les soirs et les dimanches, il m’est arrivé de monter à 5 000 euros sur un mois (4 000 euros net). Dimanche dernier j’ai fait 215 euros dans la journée, c’est pas mal. Depuis quelques semaines, ils ont changé leur algorithme, je fais un peu moins de courses, je gagne un peu moins même si je suis sur les anciens contrats où on est payé à l’heure (environ 7,5 euros) plus un forfait sur chaque course (entre 2 et 4 euros). Les nouveaux, ils sont juste payés à la course (5,75 euros) et ils n’ont pas les primes de week-end ou les primes de pluie. J’ai l’impression que chez Deliveroo, ils essayent des choses. […] Je n’ai jamais eu de gros pépins sur la route, même si je me suis blessé une fois. J’ai été arrêté pendant un mois. Enfin, arrêté c’est un grand mot car comme je suis indépendant, auto-entrepreneur, je n’ai pas de compensation. Ce mois‑là, je n’ai rien gagné. Heureusement que je mets un peu de côté chaque mois en cas de coup dur. Parce que quand tu te blesses, t’as rien. Témoignage de Damien, 36 ans, livreur à plein temps chez Deliveroo. Propos recueillis par Sébastien Pommier, L’Express.fr, 27 mars 2017.

Le chômage tue

10 000 à 14 000 décès seraient chaque année directement imputables au chômage. […] « C’est un problème de santé publique majeur », dit Pierre Meneton, chercheur à l’Inserm, qui a dirigé l’étude […] : 6 000 volontaires en âge de travailler ont été suivis pendant douze ans par l’institut. Et le bilan est sans appel : la mortalité des chômeurs est trois fois plus importante que celle des personnes en emploi. « Les 600 suicides par an en France dus au chômage ne sont que la partie émergée de l’iceberg », explique Pierre Meneton. Cette surmortalité des chômeurs est multifactorielle : tabagisme, moins bonne alimentation, diminution des ressources financières, sédentarité… […] Ses travaux montrent aussi que le risque de cancer est lui aussi plus important pour les chômeurs. […] Dépression, maladie, stigmatisation : le cercle infernal du chômage. Car cela marche dans les deux sens. Il est encore plus difficile de retrouver un emploi lorsque l’on est en mauvaise santé. Nicolas Bœuf, « Pourquoi le chômage est un facteur de mortalité », Libération.fr, 25 mai 2016.
Le télétravail favorise le sentiment d’isolement et la crainte d’être licencié

Publié le 05 juin 2019 Gilles Boulot (Cadremploi.fr)
Le télétravail est plébiscité. Mais ceux qui le pratiquent se plaignent de l’isolement qu’il produit. C’est l’un des (nombreux) paradoxes soulevés par le 6e baromètre Paris Workplace 2019 réalisé par l’Ifop et SFL que son directeur général délégué décrypte pour Cadremploi.

En premier lieu, l’isolement est envisagé non pas comme une force, permettant une meilleure concentration et une efficacité décuplée, mais comme un fléau. 36 % des télétravailleurs s'en plaignent, contre 26 % des salariés en général. Et ces isolés du bureau cumulent les risques de mal-être au travail : ils sont non seulement plus stressés que les autres, mais ils sont également moins performants, moins heureux, et pire encore pour leur employeur, moins fidèles à leur entreprise.

Des relations en face à face, des interactions au-delà de 3 interlocuteurs ? Voilà qui ressemble fort à une réunion. La bête noire de nombreux cadres. « C’est un paradoxe que nous avons constaté », comme le désir de bureaux isolés en lieu et place des open spaces. Être isolés sans se sentir isolés, détester les réunions mais rechercher les contacts humains, comment ménager les contradictions tout en donnant satisfaction ? « Peut-être en réduisant le nombre de réunions tout en en maintenant le principe. Et aménager des espaces d’intimité phoniquement isolés dans les open spaces ». Ménager la chèvre et le chou, le travail à la maison et les rencontres, l’open space et l’isolement. Parfois, l’organisation du travail prend des allures de casse-têtes diplomatiques et les entreprises doivent se transformer en Quai d’Orsay.
 
Les dangers de la précarisation au travail

Depuis une vingtaine d’années, le chômage reste à un taux très élevé en France. À ce problème social et économique majeur s’ajoute actuellement une forte tendance à la précarisation du monde du travail, dans tous les domaines.