Les transformations économiques et sociales en France (1848-1914)
Problématique

Comment les techniques nouvelles transforment-elles le monde rural au XIXe siècle ?


Aspects à aborder

1. Les évolutions techniques et changements économiques en France 2. Les évolutions sociales: la vie quotidienne des paysans

Notions:

Exode rural: mouvement de départ définitif d’habitants des campagnes vers les villes

Mécanisation: remplacement du travail manuel par des machines
Doc. Publicité pour l’utilisation d’engrais, 1911

Publicité de 1911 pour un engrais à base de sulfate d’ammoniaque, illustration par H. Gerbault (1863-1930)

Jusqu’aux années 1860, les quantités d’engrais organiques issues des exploitations agricoles sont insuffisantes pour renouveler la fertilité des sols cultivés d’où les apports d’éléments fertilisants extérieurs, notamment en provenance des villes. D’après les calculs de Jean Boulaine, en 1816, en France, les apports de fumiers ne couvrent que la moitié des besoins en éléments fertilisants.
À partir du milieu du xixe siècle, en complément de la fertilisation organique, les engrais chimiques s’imposent pour apporter aux sols des compléments en azote, potasse et acide phosphorique.
Source: Knittel, F. (2017). Agronomie des engrais en France au xixe siècle: Salpêtre, déchets urbains, engrais chimiques : trois exemples de valorisation agricole. Histoire & Sociétés Rurales, 48, 177-200. https://doi.org/10.3917/hsr.048.0177
 
Doc 1. Une société de moins en moins agricole
Bouvier J., dans Duby G., Histoire de la France, vol. III, Les temps nouveaux de 1852 à nos jours, 1972
 
Doc. 2 Augmentation des surfaces et des rendements. L'exemple de la viticulture
 
Doc 7. Vers la mécanisation de l’agriculture
Affiche publicitaire, 1889 (Bibliothèque Forney, Paris).
1 Moissonneuse
2 Batteuse à vapeur
3 Faucheuse
 
Doc 4. La transformation des techniques agricoles
Les cribleuses de blé
Courbet Gustave (1819 - 1877) © Photo RMN-Grand Palais - G. Blot

Intitulé aussi par Courbet Les Cribleuses ou les Enfants des cultivateurs du Doubs, le tableau démontre “l’importante persistance de la culture du blé dans le Doubs du milieu du XIXe siècle ” et la nécessité pour le paysan de mettre à contribution toute sa famille afin d’atteindre “ les limites de l’aisance ”. On note à cette époque une progression notable des rendements agricoles du département. Cette évolution est le fait de l’extension des surfaces céréalières et de l’amélioration locale de l’outillage agricole. L. Nochlin voit d’ailleurs dans Les Cribleuses de blé une “ image du progrès dans le domaine des activités agricoles ” : “ A gauche, la séparation manuelle, inefficace, rétrograde du grain et de la menue paille ; au centre l’emploi plus progressiste et énergique du crible ; […] à droite, la mécanisation.

 
Doc. 5 L'age d'or des campagnes françaises
La comparaison entre les résultats des enquêtes agricoles de 1852 et 1882 permet de dégager sans équivoque une tendance nette à l’amélioration du statut des exploitants. Pendant le Second Empire, la diffusion de la propriété reprend, en raison de l’attraction des capitaux vers les placements industriels et urbains, plus rémunérateurs que la rente foncière*. La hausse des gages versés aux salariés agricoles, observable partout en France, a ainsi permis à de nombreux journaliers d’accéder à la propriété, tandis que les exploitants s’agrandissent grâce à la prospérité manifeste dans un domaine-roi, celui de l’élevage. C’est l’apogée de la civilisation du cheval, présent partout. L’atelier du charron ou du maréchal-ferrant, généralement flanqué d’un cabaret est le lieu d’une intense sociabilité masculine. * le capital s'investit donc plutôt dans les villes, ce qui diminue le prix relatif des terres agricoles et permet aux paysans d'accéder à la propriété

source: Sylvie Aprile, 1815-1870 La Révolution inachevée, Belin
 
Doc. 3a Le tisserand
Sérusier Paul (1864 - 1927)
© Musée d’Art et d’Archéologie - Studio Mandin
Scène de genre, cette toile présente un paysan breton qui fabrique à domicile, sur un métier manuel rudimentaire, des étoffes ordinaires, de coton ou de laine. Les arbres, que l’on devine par delà les étroits carreaux de la fenêtre, prouvent que l’homme possède un lopin de terre et se livre aussi à des activités agricoles.

Doc. 3b Les débuts de l'exode rural

Dans la première moitié du XIXe siècle, 90 000 migrants en moyenne quittent chaque année la campagne pour la ville. Ils sont plus de 130 000 par an dans les années 1860.
«Il y a quelques années, nous avions très peu de tissages mécaniques et nous n’avions, pour ainsi dire, pas de filatures mécaniques; aujourd’hui, la France a pris définitivement et glorieusement sa place parmi les pays de grande industrie […]. La vapeur dès son apparition dans le monde de l’industrie a brisé tous les rouets, toutes les quenouilles, et il a bien fallu que fileuses et tisseuses, privées de leur antique gagne-pain, s’en vinssent réclamer une place à l’ombre du haut fourneau de l’usine […].
Des villages entiers où naguère retentissaient le bruit du marteau, le ronflement des bobines, les cris joyeux de l’enfance, sont aujourd’hui déserts et silencieux tandis que de vastes édifices de briques rouges, surmontés d’une immense cheminée au panache ondoyant, engloutissent dans leurs flancs, depuis l’aube du jour jusqu’à la tombée de la nuit, des milliers de créatures vivantes. La vapeur fait tout dans le tissage […]. Chaque matin avant le lever du soleil, père, mère et enfants partent pour la fabrique.
Jules Simon, L’Ouvrière, 1861.