Les transformations économiques et sociales en France (1848-1914)
Problématique

Dans quelle mesure les loisirs deviennent une activité accessible à tous ?


Aspects à aborder

1. Des loisirs pour tous ? 2. Les nouvelles formes du loisir
3. L’essor du sport comme divertissement
Doc. 1 la dansomanie
Danse à la campagne de Auguste Renoir, 1883

Au XIXe siècle, le bal fait partie, selon des modalités variées, des loisirs de toutes les couches de la population. Alors que les anciennes guinguettes établies aux barrières de Paris disparaissent, des bourgades comme Charenton, Suresnes ou Chatou (avec la célèbre maison Fournaise immortalisée par Renoir) accueillent dans leurs buvettes dansantes une clientèle parisienne venue goûter aux joies d’une nature plus ou moins factice. Dans ces lieux, bientôt appelés « bals musettes », apparaissent après 1900 de nouvelles danses importées de l’étranger : boston, matchiche, cake-walk. La danse s’impose ainsi comme un loisir pratiqué par tous. L’étudiant qui va « guincher » avec une grisette dans un bal de quartier, le fonctionnaire que sa carrière oblige à se rendre avec son épouse au bal de la préfecture, la jeune fille qui fait ses débuts lors d’un bal donné au faubourg Saint-Germain : tous participent à cette « dansomanie » observée par les contemporains.
 
Doc. 2: la démocratisation progressive du vélo
Lucien Beylac, La Vélocipédie pour tous avec le cyclidéal. Société française du cyclidéal, affiche, 1893

  • 1868. Pierre Michaux, serrurier et carrossier parisien, brevette un vélocipède à pédales.
  • 1869. Première course de fond entre Paris et Rouen, organisée par le tout jeune journal Le Vélocipède illustré.
  • 1880. L’Anglais Harry John Lawson invente le vélocipède moderne, à la roue arrière motrice entraînée par une chaîne et un pédalier.
  • 1884. Commercialisation de la « bicyclette de sécurité » (safety bicycle) anglaise, qui connaîtra un grand succès.
  • 1888. John Boyd Dunlop invente le pneumatique, vite perfectionné par les frères Michelin. Les roues en bois font place aux roues à rayons métalliques équipées de pneus.

A partir des années 1880, les principales innovations techniques (chaîne, pneumatiques, rayons) ont été faites et le "véloce" existe dans sa version moderne. Une bicyclette reste encore un investissement important mais la popularité croissante de ce mode de transport et la multiplication des constructeurs font baisser les prix.

En 1891, le journaliste du Petit Journal Pierre Giffard, également fondateur du premier quotidien sportif, Le Vélo, crée la course Paris-Brest-Paris, 1 200 kilomètres aller-retour. D’emblée, le spectacle de la compétition sert aussi de vitrine publicitaire. Désormais, le vélo cesse d’être un privilège aristocratique : il fait entrer le pays dans « l’âge de la vitesse bourgeoise »

Au début du XXe siècle, il y a près d'un million de bicyclettes en circulation.

 
Doc 4. La naissance du cinéma

Escamotage d'une dame au théâtre Robert-Houdin, réalisé en 1896 par Georges Méliès, est le premier film de l'histoire du cinéma français utilisant un trucage.

En 1895 ont déjà eu lieu les premières projections publiques payantes des frères Lumière. Le développement du cinématographe à la Belle Époque fait entrer les loisirs dans une nouvelle ère, celle de l’audiovisuel. Breveté en 1895 par les frères Lumière, il est d’abord un spectacle de foire, itinérant, avant de se sédentariser dans des salles spécifiques (plus d’un millier en 1914). Georges Méliès, les frères Pathé ou encore Léon Gaumont sont les pionniers d’une nouvelle technique qui devient rapidement un art, un loisir et une industrie.


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Doc. 3 L'évolution des spectacles
Peinture à l'huile, Bois , Jean Béraud, 1889

Le règne du spectacle se confirme dans la deuxième moitié du xixe siècle : il est la pratique culturelle la plus répandue. À la Belle Époque, une trentaine de salles de théâtre et trois cents cafés-concerts ouvrent leurs portes chaque soir à Paris et l’on estime à un demi-million le nombre de spectateurs qui y vont au moins une fois par semaine. Parmi les nouvelles formes de spectacle, le café-concert, apparu dans les années 1840, connaît un essor important auprès d’un large public, l’opérette se développe dans les années 1860. Le music-hall apparaît à la même époque et propose en une soirée plusieurs spectacles (chansons, numéros de cirque et de danse, etc.).

Jean-Charles Geslot Dans La France de 1848 à 1914 (2014), pages 35 à 60
 
Doc. 5 Le développement du tourisme
Eugène BOUDIN (1824-1898), La Plage à Trouville, 1865, huile sur toile, 38 x 62.8 cm. Gift of the Estate of Laurence Hutton. © Princeton, University Art Museum

L'extension du réseau ferré favorise le développement du tourisme auprès de la classe bourgeoise. Des nouvelles stations sont créées au fur et à mesure de l'extension des lignes de chemin de fer: Arcachon 1857, Deauville 1859, La Baule 1879 Associée avec les avancées sociales des travailleurs citadins sur les jours de repos, avant même les congés payés, cette amélioration des infrastructures de transport démocratisa peu à peu l'accès au bord de mer. "Les gens avec des origines sociales intermédiaires peuvent alors aller pour une journée au bord de la mer, précise Philippe Duhamel. Sur place, les constructions s’accélèrent parce que le nombre de touristes augmente. La hiérarchie des lieux se met en place très vite. Les casinos vont constituer un indicateur de la renommée de la station.


 
Doc 6. l'essor du sport comme divertissement
Équipe de France de football aux JO de Paris avec le logo de l'USFSA.

Le premier sport populaire à se démocratiser en France est la gymnastique, à laquelle dès les années 1860 on reconnaît des vertus éducatives mais aussi une fonction sanitaire censée prévenir l’apparition et le le développement des maladies, en particulier chez les enfants des milieux ouvriers. Le ministre de l’Instruction publique Paul Bert instaure en 1882 l’obligation de mettre en place des cours de gymnastique et d’exercices militaires dans les écoles de garçons.

Néanmoins, le véritable tournant pour le sport en France s’opère à partir des années 1880, où de nombreuses activités nouvelles apparaissent, pour beaucoup importées d’Angleterre. C’est le cas du football et du rugby, qui se font d’abord connaître en France par l’intermédiaire du milieu scolaire bourgeois des lycées de garçons, où ils deviennent vite très populaires. Importé quant à lui en France via les touristes anglais dans les stations balnéaires, le tennis devient lui aussi un loisir très prisé à cette époque, mais davantage réservé à la bourgeoisie et à l’aristocratie.