Les transformations économiques et sociales en France (1848-1914)
Problématique

Comment les nouvelles techniques transforment-elles le quotidien des Français.es ?


Aspects à aborder

1. Le recul de la nuit 2. La révolution des transports et des communications
3. La révolution médicale


Notions:
placebo: Préparation dépourvue de tout principe actif, utilisée à la place d'un médicament pour son effet psychologique*
hygiène: Ensemble des principes, des pratiques individuelles ou collectives visant à la conservation de la santé, au fonctionnement normal de l'organisme
Doc. La révolution hygiéniste
De l'eau, de l'air, de la lumière... : collection de tableaux muraux Armand Colin, Tableau 14 bis (1900)

Le XIXème siècle est celui de la révolution hygiénique. On vante les vertus du bain, on rouvre les bains publics qui avaient disparus au XVIème siècle. Ce changement de comportement est aidé des travaux de Pasteur qui démontrent l’existence des microbes, ceux-ci proliférant sur un terrain non hygiénique, faisant le lit de nombreuses maladies. La propreté permettrait d’éradiquer les maladies. A la fin du XIXème siècle, le triomphe de la révolution sanitaire est maximal. Alors que l'on note deux épidémies de choléra durant le milieu du XIXème, ces épidémies deviennent de plus en plus rares, notamment grâce à l'apparition des vaccins, mais aussi, et surtout, grâce aux mesures d'asepsie qui sont désormais prises. La durée de vie augmente de façon radicale. De même une baisse de la mortalité infantile est observée en cette fin de siècle. Le grand gagnant de cette révolution sera le savon. Celui-ci est connu depuis longtemps mais il a connu un essor exceptionnel au XIXème siècle grâce d’une part à la révolution industrielle (de nouveaux procédés de fabrication sont mis au point par exemple) et à ces nouveaux comportements en matière de propreté. A partir de 1880, des manufactures sont capables de produire plus de 12 500 tonnes de savon par an
 
L'adoption du téléphone en France
Cornelius Roosevelt, Instructions pour l'usage domestique du téléphone-Bell, 1878

En 1877, Antoine Breguet (1851-1882), polytechnicien, physicien et inventeur, présente le téléphone de Bell à l’Académie des sciences. L’année suivante, la troisième exposition universelle à Paris consacre la renommée de Bell et de son invention

En 1881, Breguet est nommé chef du service des installations à la première Exposition internationale de l’Électricité et au Congrès des Électriciens qui se tiennent à Paris. Même si le public s’y intéresse, les pouvoirs publics choisissent le développement de la Télégraphie sans fil apparue quelques années auparavant et qui transmet des signaux Morse.La Société générale des téléphones (SGT) est créée en 1881 avec des fonds privés. Elle s’installe dans les grandes villes françaises par des conventions de non-monopoles. En 1889, l’Assemblée nationale décide de nationaliser la SGT afin d’améliorer les réseaux.

Pour relier les abonnés entre eux, la commutation des lignes est faite manuellement au central téléphonique par des opératrices surnommées, en France, « les Demoiselles du téléphone ». Au moyen de cordons munis de fiches jack, elles réalisent les communications entre deux usagers.
 
Albert Edelfelt : Portrait de Louis Pasteur 1885
 
Doc. 2 La révolution ferroviaire
En garantissant des concessions de 99 ans et en favorisant la répartition du marché entre 6 compagnies, le Second Empire crée les conditions d’une véritable révolution ferroviaire.
En 1850, la France ne possède que 3358 km de lignes mais 16994 km en 1869.
 
Doc 2bis. la révolution ferrovière

D’après le Résumé des travaux statistiques…, publié par le ministère de l’Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, Paris, 1874
 
Doc 3. Les chemins de fer, un moteur de l’industrialisation
La gare Saint-Lazare est une des gares les plus dynamiques du pays sous le Second Empire. Elle prend place dans un Paris complètement modernisé, sur la volonté de l’empereur.

Claude Monet, La Gare Saint-Lazare, 1877, dimensions 104 × 75 cm, musée d’Orsay, Paris.
 
Doc 1. La conquête de la nuit
Doc 1a. Camille Pissarro, « Boulevard Montmartre, effet de nuit », 1897 - source : National Gallery-WikiCommons

Doc 1b. le visage nocturne de Paris
Le visage nocturne du Paris du XIXe sièc­le est révélé, vers 1840, par l'apparition de l'éclairage urbain au gaz. Les espaces voient leurs contours se modifier, les regards et les représentations changent, de nouvelles tensions sociales apparaissent.
Sous l'Ancien Régime et au début du XIXe siècle, on connaissait à Pa­ris des nuits caverneuses, des noirs « moyenâgeux ». On s'accommodait bien du fait que l'essentiel de la ville était dans l'ombre. Ce qui change, après 1840, c'est l'idée que la nuit doit devenir vivable, qu'elle peut être rendue à l'espace public. La lumière s'étend peu à peu sous la monarchie de Juillet (1830-1848), essentiellement sur la rive droite, où se trouvent les quartiers mo­dernes. Les chroniqueurs du temps commencent à voir Paris vivre jour et nuit, rendent compte de la fluidité et de la mobilité. Avec les travaux du baron Haussmann, l'éclairage gagne la rive gauche, et alors naît l'idée que l'on peut conquérir Paris par la lumière. Au XIXe siècle, la lumière acquiert une signification hygiéniste. C'est l'ère de la propreté. Il faut nettoyer. La lumière est connectée à l'idée de progrès social. Et l'équivalence s'établit aussi entre le réverbère et le gendarme.

Simone Delattre, professeur d'histoire au lycée Fénelon,