Doc 1a. Camille Pissarro, « Boulevard Montmartre, effet de nuit », 1897 - source : National Gallery-WikiCommons
Doc 1b. le visage nocturne de Paris
Le visage nocturne du Paris du XIXe siècle est révélé, vers 1840, par l'apparition de l'éclairage urbain au gaz. Les espaces voient leurs contours se modifier, les regards et les représentations changent, de nouvelles tensions sociales apparaissent.
Sous l'Ancien Régime et au début du XIXe siècle, on connaissait à Paris des nuits caverneuses, des noirs « moyenâgeux ». On s'accommodait bien du fait que l'essentiel de la ville était dans l'ombre. Ce qui change, après 1840, c'est l'idée que la nuit doit devenir vivable, qu'elle peut être rendue à l'espace public. La lumière s'étend peu à peu sous la monarchie de Juillet (1830-1848), essentiellement sur la rive droite, où se trouvent les quartiers modernes. Les chroniqueurs du temps commencent à voir Paris vivre jour et nuit, rendent compte de la fluidité et de la mobilité. Avec les travaux du baron Haussmann, l'éclairage gagne la rive gauche, et alors naît l'idée que l'on peut conquérir Paris par la lumière. Au XIXe siècle, la lumière acquiert une signification hygiéniste. C'est l'ère de la propreté. Il faut nettoyer. La lumière est connectée à l'idée de progrès social. Et l'équivalence s'établit aussi entre le réverbère et le gendarme.
Simone Delattre, professeur d'histoire au lycée Fénelon,