Les transformations économiques et sociales en France (1848-1914)
Problématique

De quelle façon la société française s'ouvre-t-elle à l'immigration ?


Aspects à aborder

1. Un besoin de main d'oeuvre 2. Une immigration de proximité
3. Des flambées de xénophobie

Notions:

Immigré / émigré
xéonophobie
Doc 1. Les travailleurs immigrés
Illustration anonyme pour Le Petit journal illustré de 1908

Des travailleurs belges viennent louer leur service en France pour la moisson

La France connaît une croissance démographique ralentie en raison d’une faible natalité (38,4 millions d’habitants en 1870 ; 39,6 millions en 1914). Pour faire face à une pénurie de main-d’œuvre, la IIIe République accueille davantage d’étrangers à partir des années 1870. Pour fixer cette main-d’œuvre sur le territoire, l’État assouplit les règles d’acquisition de la nationalité française (loi de 1889).
 
Doc. 2 L'analyse d'une historienne: les raisons de l'immigration à la Belle Epoque

Le temps des grandes révolutions de l’industrie et des transports est celui des grandes migrations. […] C’est alors que la France devient un pays d’immigration.
Les Français, peuple de paysans qui, depuis la Révolution, ont accédé à la terre, émigrent peu. L’industrialisation précoce attire les étrangers. Au premier recensement, celui de 1851, on en compte un peu moins de 400 000. En 1891, le cap du million est franchi. On ne descendra plus au-dessous. […]
La Belle Époque scelle le destin de l’immigration : à la place du Français attaché à sa terre et boudant l’usine, il sera l’ouvrier des industries modernes, celle de la seconde industrialisation. Main-d’œuvre sous-payée, sans qualification, qui n’a à offrir que sa force de travail, l’immigré est l’archétype du prolétaire, que les employeurs mettent en concurrence avec le prolétaire national. Tout laisse croire que leur condition est proche alors de celle des ouvriers français. Ils ont les mêmes aspirations (s’établir à leur compte), connaissent la même acculturation à un nouveau mode de vie entre loisirs ouvriers (café, bal musette, sorties champêtres) et syndicalisation.

Marie-France Blanc-Chaléard, Les immigrés en France XIXe-XXe siècle, La Documentation photographique n° 8035, 2005.
Doc; 5: les flambées de xénophobie

Le 17 août 1893, 300 ouvriers des salines d’Aigues‑Mortes s’en prennent aux travailleurs italiens : plusieurs sont tués (17 au moins)

L’augmentation de l’immigration et la crise économique déclenchent des réactions xénophobes d’une partie des Français. En 1893, à Aigues-Mortes, une manifestation d’ouvriers agricoles contre la concurrence étrangère dégénère et des Italiens sont assassinés.


 
Doc 3: une immigration de proximité
Cette immigration de proximité (Belges, Italiens, Espagnols…) est employée à 60% dans l’industrie. Les patrons des bassins industriels recrutent des mineurs et des ouvriers étrangers, plus dociles et moins coûteux. Dans les années 1870, la France compte environ 800000 étrangers. Ils sont environ 1,1 million en 1914, soit 2,8% de la population.
 
Doc. 4 La République et la naturalisation

Le droit du sol, déjà instauré partiellement dans une loi de 1851, triomphe en 1889 pour répondre aux besoins en travailleurs et en futurs soldats.
«Art. 8 Tout Français jouira des droits civils.
Sont Français:
1. Tout individu né d’un Français en France ou à l’étranger […];
2. Tout individu né en France de parents inconnus ou dont la nationalité est inconnue;
3. Tout individu né en France d’un étranger qui lui-même y est né;
4. Tout individu né en France d’un étranger et qui, à l’époque de sa majorité, est domicilié en France […];
5. Les étrangers naturalisés.

Peuvent être naturalisés:
1. Les étrangers ayant obtenu l’autorisation de fixer leur domicile en France […];
2. Les étrangers qui peuvent justifier d’une résidence non interrompue pendant dix années;
3. Les étrangers admis à fixer leur domicile en France, après un an, s’ils ont rendu des services importants à la France, s’ils ont apporté des talents distingués ou s’ils y ont introduit soit une industrie, soit des inventions utiles, ou s’ils ont créé, soit des établissements industriels ou autres, soit des exploitations agricoles, ou s’ils ont été attachés, à un titre quelconque, au service militaire dans les colonies et les protectorats français.
4. L’étranger qui a épousé une Française, aussi après une année de domicile autorisé […].»

Journal officiel, 28 juin 1889.