Les transformations économiques et sociales en France (1848-1914)
Problématique

De quelle façon la bourgeoisie s'impose-t-elle comme classe dominante de la fin du XIXe siècle ?


Aspects à aborder

1. Comment la bourgeoisie participe-t-elle à la transformation économique de la France ? 2. Comment la bourgeoisie profite-t-elle des évolutions techniques et économiques ?

Notions:

Bourgeoisie: catégorie sociale possédant une certaine fortune et ne travaillant pas de ses mains. Elle s’étend de la grande bourgeoisie conquérante (grands patrons, banquiers…) à la moyenne et petite bourgeoisie (petits patrons, boutiquiers, fonctionnaires,...)
Doc 5bis: Au Bonheur des Dames, par Émile Zola, publié en 1883

On sent tout au long du roman une fascination de Zola pour ce grand magasin "Au bonheur des Dames", même s'il en fait un monstre engloutissant vendeuses et clientes. Selon lui, le succès des grands magasins, inévitable, est une bonne chose, même s'il s'accompagne de la ruine des autres commerces et de conditions de travail particulièrement dures. Zola applique dans son roman les lois du darwinisme, selon lesquelles les plus forts survivent, tandis que les plus faibles sont appelés à disparaître. Émile Zola nous propose en quelques sortes un témoignage de l’épopée capitaliste, qui débute donc dès son époque ; le XIXè siècle.
Doc. 3. La naissance du tourisme balnéaire: la création d'Arcachon
Doc. 3a. l'empereur Napoléon III au balcon de la villa Pereire. A. Tarpereau. 1863

Doc. 3b. Discours d’Émile Pereire devant l’Assemblée générale des actionnaires de la Compagnie des chemins de fer du Midi, 30 mai 1855.

Alors que la compagnie des chemins de fer du Midi est propriétaire de la concession de chemin de fer Bordeaux-La Teste, Émile Pereire propose aux actionnaires de prolonger la ligne pour assurer le développement d’Arcachon

« Nous avons fait étudier un prolongement du chemin de fer de La Teste aboutissant au centre des habitations qui, depuis l’établissement de cette ligne, se sont élevées comme par enchantement à Eyrac près des bains et de la Chapelle d’Arcachon. Là où il y a 15 ans il n’existait pas même une simple cabane de pêcheurs, il s’est établi une ville dont l’importance s’accroît chaque année, qui, pendant la saison des bains de mer, sert de rendez-vous à la population de Bordeaux et des départements voisins, et qui, dans les dernières années, a reçu de nombreux visiteurs de Paris, d’Angleterre et d’Allemagne. Cette agglomération nouvelle est éloignée de la gare terminus du chemin de fer de La Teste d’environ six kilomètres. En été, les omnibus sont insuffisants pour combler cette lacune; en hiver, l’isolement empêche l’établissement des familles sédentaires. Pour obvier à cet inconvénient, on a réclamé de nous un prolongement.»
 
Doc. 1. Le lever chez les Grégoire, une famille bourgeoise, propriétaire de mines de charbon.

« Ce matin-là, les Grégoire s'étaient levés à huit heures. Mme Grégoire venait de descendre à la cuisine. - Mélanie, dit-elle à la cuisinière, si vous faisiez la brioche ce matin, puisque la pâte est prête. Mademoiselle en mangerait avec son chocolat... Hein ! ce serait une surprise. La cuisinière, vieille femme qui les servait depuis trente ans, se mit à rire. - Ca, c'est vrai, la surprise serait fameuse... Mon fourneau est allumé, le four doit être chaud ; et puis, Honorine va m'aider un peu. Honorine, une fille d'une vingtaine d'années, servait de femme de chambre. Pour tout personnel, outre ces deux femmes, il y avait le cocher, chargé des gros ouvrages, un jardinier et une jardinière. La cuisine était immense. Des provisions débordaient des armoires. M. Grégoire rentrait. - Et Cécile ? demanda-t-il, elle ne se lève donc pas, aujourd'hui? - Je n'y comprends rien, répondit sa femme. Il me semblait l'avoir entendue remuer. Et ils montèrent ensemble. La chambre était garnie de meubles laqués, un caprice d’enfant gâtée satisfait par les parents. Dans les blancheurs du lit, la jeune fille dormait. Elle était bien portante, mûre à dix-huit ans. - Chut! dit M. Grégoire ; il faut la laisser dormir. La fortune des Grégoire était dans une action des mines de Montsou. Le 25 août 1760 la Compagnie des mines de Montsou était créée et on avait divisé la propriété totale en cent quatre-vingt-huit actions1 de dix mille francs. L'arrière-grand-père de Léon Grégoire, père de Cécile, prit une action. Ces dix mille francs grossissaient avec la prospérité de la Compagnie. Il y avait deux ans, le dividende(2) était monté au chiffre prodigieux de cinquante mille francs.
Extrait de Germinal, Emile Zola, 1885
(1) Action : part de propriété d’une entreprise (2) Dividende : part du bénéfice d’une entreprise versée régulièrement aux actionnaires.
Doc. 2. Les frères Pereire, acteur de la modernisation économique
Doc 2a. Les deux frères Pereire sur le chantier transatlantique, Robert Howlett, , 1857. Paris, BnF

Doc. 2b. Biographie des frères Pereire
Émile (1800-1875) et Isaac (1806-1880) Pereire
Nés à Bordeaux dans une famille de courtiers et d’assureurs maritimes, Émile et Isaac Pereire sont deux figures de la bourgeoisie conquérante du Second Empire.
En 1835, Émile participe à la fondation de la Compagnie du chemin de fer de Paris à Saint Germain aux côtés du banquier James Rothschild. Saint-simoniens et proches de l’empereur, Émile et Isaac créent en 1852 le Crédit mobilier, une banque d’investissement destinée aux grandes entreprises. Son capital de 60 millions de francs est divisé en 120000actions de 500 francs pour s’adresser à tous les épargnants. Le succès est là: en 1863, les deux frères sont élus au Corps législatif, Émile comme député de la Gironde et Isaac comme député des Pyrénées-Orientales. Les deux frères créent de nombreuses entreprises mais, malgré des débuts encourageants, le Crédit mobilier fait faillite en 1867 par manque de capitaux suffisants.