Les transformations économiques et sociales en France (1848-1914)
Doc. 3 Le lever chez les Maheu, une famille de mineurs

« Quatre heures sonnèrent au coucou du rez-de-chaussée ; brusquement, Catherine se leva. La chandelle éclairait la chambre que trois lits emplissaient. Zacharie, l'aîné, un garçon de vingt et un ans, était couché avec son frère Jeanlin, qui achevait sa onzième année ; dans celui de droite, deux mioches, Lénore et Henri, la première de six ans, le second de quatre, dormaient aux bras l'un de l'autre ; tandis que Catherine partageait le troisième lit avec sa sœur Alzire, neuf ans. La porte vitrée était ouverte, on apercevait le couloir du palier où le père et la mère occupaient un quatrième lit, contre lequel ils avaient dû installer le berceau de la dernière venue, Estelle, âgée de trois mois à peine. Mais un grognement arriva du palier, la voix de Maheu bégayait, empâtée : - Sacré nom ! il est l'heure... C'est toi qui allumes, Catherine ? - Oui, père... Ca vient de sonner, en bas. - Dépêche-toi donc, fainéante ! Catherine, quinze ans, enfila sa culotte de mineur, passa la veste de toile et, dans ces vêtements, elle avait l'air d'un petit homme. La Maheude [surnom de la mère] venait de se réveiller, elle parla avec lenteur. - Je suis sans le sou. A vous tous vous apportez neuf francs (1) . Comment veux tu que j’y arrive ? En bas, une salle assez vaste, tenant tout le rez-de-chaussée. Outre le buffet de sapin, l'ameublement consistait en une table et des chaises du même bois. Collés sur les murs, les portraits de l'Empereur et de l'Impératrice (2) donnés par la Compagnie. Devant le buffet ouvert, Catherine réfléchissait. Il ne restait qu'un bout de pain, du fromage blanc en suffisance, mais il ne restait plus de café, elle dut se contenter de passer l'eau sur le marc de la veille. - Fichtre ! déclara Zacharie, quand il eut mis le nez dans son bol, en voilà un qui ne nous cassera pas la tête ! »
Extrait de Germinal, Emile Zola, 1885

1 le père et les trois enfants les plus âgés travaillent à la mine, ils gagnent au total 9 francs par jour. 2 l’action se déroule pendant le règne de l’empereur Napoléon III (1852-1870).

Doc. 2. Forgeage au marteau-pilon
Ignace-François Bonhommé, Forgeage, huile sur toile, 220 x 125 cm, vers 1865 (Écomusée du Creusot).

Le marteau-pilon à vapeur a été inventé au Creusot. Au milieu du siècle, les usines Schneider du Creusot possèdent 13 hauts-fourneaux, 41 laminoirs et emploient plus de 10 000 ouvriers pour produire de la fonte, du fer, de l’acier et plus particulièrement plus de 50 locomotives par an.
 
Doc 1. La révolution de la houille

Doc. 1.a Dessin de A. de Neuville, 1865
(Bibliothèque et pinacothèque ambrosienne, Milan).

Doc. 1b La première révolution industrielle: houille, vapeur et mécanisation

« Quand le houilleur a défriché le noir domaine souterrain, arraché le combustible aux entrailles de la terre, qu’il l’a extrait au jour, purifié, chargé enfin sur les voies de transport, l’utile minéral se répand en mille lieux divers, et va partout distribuer la lumière, la chaleur, la force, le mouvement. C’est un aliment aujourd’hui indispensable à la vie des nations civilisées […]. Les fabriques, les manufactures, presque tous les ateliers, presque toutes les machines, bon nombre de navires, privés de l’aliment essentiel, se verraient aussi condamnés au repos. La vie matérielle, une partie de la vie intellectuelle s’éteindraient, comme s’éteint, faute de nourriture, la vie du corps. La houille a paré aussi à l’impuissance et au nombre limité des travailleurs. Le cheval-vapeur a remplacé l’esclave, la bête de trait. Et comme il ne se fatigue jamais, qu’il est en activité jour et nuit, ne prend aucun repos, tous les moteurs animés du globe auraient peine à suffire aujourd’hui au travail qu’accomplit la vapeur.»

Louis-Laurent Simonin, La Vie souterraine ou les mines et les mineurs, 1867.
 
2. Le travail des femmes à la mine

«Elle emplissait sa berline plus vite que lui, à petits coups de pelle réguliers et rapides ; elle la poussait ensuite jusqu’au plan incliné, d’une seule poussée lente, sans accros, passant à l’aise sous les roches basses. Lui, se massacrait, déraillait, restait en détresse […]. Il fallut qu’elle lui montrât à écarter les jambes, à s’arc-bouter les pieds contre les bois, des deux côtés de la galerie, pour se donner des points d’appui solides. Le corps devait être penché, les bras raidis, de façon à pousser de tous les muscles, des épaules et des hanches. Pendant un voyage, il la suivit, la regarda filer, la croupe tendue, les poings si bas, qu’elle semblait trotter à quatre pattes […]. Elle suait, haletait, craquait des jointures, mais sans une plainte, avec l’indifférence de l’habitude, comme si la commune misère était pour tous de vivre ainsi ployé. Et il ne parvenait pas à en faire autant.»

Émile Zola, Germinal, 1885
L'instruction morale et républicaine dans l'école de Buigny-les-Gamaches dans la Somme en 1905. Musée de l'éducation Nationale.
 
Athlètes sur la ligne de départ en finale du 100 m de course à pied aux Jeux olympiques, photo en noir et blanc recolorisée, à Athènes (Grèce), 1896

 
Agence Rol, Petit Breton [portrait du coureur cycliste sur son vélo], photographie, 1912.
 
Affiche pour le vélodrome du parc de la Tête d’or à Lyon, 1894, Archives municipales de Lyon.